Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
  • Contact

contact

 
n'hésitez pas à me faire part de vos suggestions, de vos découvertes, ou de vos propres articles!

Rechercher

Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

30 décembre 2009 3 30 /12 /décembre /2009 05:38

  Isabelle Ciaravola a été nommée hier danseuse étoile, titre suprême de l'Opéra de Paris! Si il y a quelques temps encore, j'avais exprimée ma mauvaise humeur à propos de la nomination de Cozette ( et je n'ai toujours pas changé d'avis!) celle de Dorothée Gilbert m'avait enchantée!
Mais pour Isabelle Ciaravola, c'est un peu spécial : elle a 37 ans, il lui reste donc officiellement 5 ans seulement a danser au sein de l'opéra de Paris puisque la retraite pour les femmes a lieu à présent à 42 ans. Cinq courtes saisons qui lui permettront sans doute d'aborder certains rôles, mais c'est peu...! D'un autre côté, cette nomination, pourtant méritée, était inespérée!...

Il y a longtemps déjà qu'Isabelle danse des rôles de solistes. Ainsi ai je eu la joie de la voir dans le rôle de la Sylphide ou elle est simplement sublime! Toute en esprit, en légèreté, en espiéglerie au premier acte, mais sans minauder comme je l'ai vu parfois. Elle danse la mort de cette petite Sylphide et la perte de ces ailes  avec une émotion d'une sincérité   touchante, rendant ce conte romantique tout à coup authentique : la poésie brisée meurt sous nos yeux.
Elle a aussi interprété le role de Nikya dans la Bayadère avec un lyrisme époustouflant ( le ballet sera redonné l'an prochain, pour les amateurs de la Bayadère, il ne faut pas rater Isabelle!)
 L'an passé, elle a émue dans le rôle de la dame aux Camélias de Neumeier.
Cette année, elle a brillé dans le rôle de Garance des enfants du Paradis de José Martinez ( rôle créé pour elle) également dans l'Ange de la 3ème symphonie de Neumeier
Sa nomination a eu lieu pour le rôle de Tatiana, dans l'Eugène Onéguine de Cranko qui est actuellement donné à l'ONP. Son partenaire, M Heymann a été aussi nommé... mais je ne vais pas faire d'une pierre deux coups : non!  Un article par artiste!

Isabelle est une artiste d'exception. Morphologiquement, elle est longiligne, avec une ligne de jambes sublime qui met en valeur tous ses développés, battements et autre. Elle a une légéreté et une souplesse qu'a parfaitement mise en valeur Mcgregor dans Genus où elle a excellé.
Elle m'a aussi laissé un très fort souvenir dans la reine des Dryades à l'acte deux de Don quichotte! Developpés seconde parfait, poésie, lyrisme, technique sûre, grâce et charisme : un vrai régal!

Je souhaite donc de tout coeur à Isabelle Ciaravola de très belles années d'Etoile!
Et je salue en elle une très très grande artiste, l'une des plus grandes que je connaisse actuellement à l'ONP!
Mes sincères et admiratives félicitations!!!

photo Icare

Partager cet article
Repost0
14 mai 2008 3 14 /05 /mai /2008 07:33

 


Je suis encore sous l'émotion de la Maison de Bernarda que je viens de voir à l'opéra Garnier ce dimanche 11 mai, et sous l'extraordinaire interprétation de Manuel Legris dans le rôle de la veuve Bernarda

Cette oeuvre austère, puissante, forte, et parfois drôle de Mats Ek met en scène une veuve et ses cinq filles qui vivent recluses :  aller prier à l'église voilée de noir est leur seul moment à l'exterieur  de la maison où elles subissent la tyrannie et la frustration de leur mère.

Je reviendrai sur cette oeuvre noire mais qui ne manque pas de couleurs plus tard. Je veux simplement ici, en quelques mots parler de Manuel Legris qui décidément, n'en finit pas de surprendre, d'étonner....

Ces cinq dernières années, je ne l'ai certes pas vu danser dans tous les rôles qu'il a endossés, mais trois d'entre eux, parmi ceux que j'ai vus,  m'ont profondément marquée : il y a d'abord le rôle d'Aminta, dans le poétique et triste  Sylvia  de J Neumeir; le rôle de Charlus, dans  Proust ou les intermittences du coeur , de Roland Petit et enfin, ce rôle de  Bernarda, dans la maison de Bernarda de Mats Ek

Pour ces trois rôles, Legris présente une technique éblouissante, et qui ne fait pas dans la démonstration. Cette technique, impressionnante,  est au service de son personnage. Elle a  gagné en concentration. Certes, Legris a toujours dansé avec une intensité et un abandon total - je l'adore dans la variation de la méditation de la Belle au bois dormant, inégalée pour moi -. Aujourd'hui, j'ai l'impression en voyant M Legris danser que tout part d'une force intérieure exceptionnelle et  parfaitement maitrisée. On a l'impression que c'est cette force intérieure qui nourrit tous ses pas, toutes ses intentions, jusqu'aux expressions de son visage qui sont toujours justes.

Il est étonnant que le rôle de Bernarda soit tenu par un homme : c'est ce que veut Mats Ek. Plus étonnant encore qu'on ne doute pas   un instant  que Legris soit cette Bernarda tant il endosse son rôle avec conviction.

Le personnage est tout à la fois détestable et touchant. Sans être jamais ridicule, ce qui n'est pas chose aisée; car la scène   avec la statue du Christ descendue de son crucifix, dansée torse nu, pourrait tomber dans le scabreux. Il n'en est rien. Ressort simplement le mélange de foi, de frustration, de solitude, d'une femme blessée par son veuvage et par la situation politique étouffante que traverse son pays.  ( L'oeuvre de Lorca dont s'inspire Mats ek a été écrite quelques temps avant que l'écrivain ne soit exécuté par les franquistes)

Ce personnage, Legris lui donne un coeur, des tripes, une austérité, une apreté, tout cela à la fois, et surtout, une présence sur scène dominatrice, tyrannique, impitoyable. Il broie sa famille, et même sa bonne qui a une haute vitalité et une bonne dose d'humour et qui parfois tente de s'opposer à elle, subit aussi sa tyrannie implacable.

Quand à la technique de M Legris, qui comme je l'écrivais plus haut est au service du personnage, elle est précise, virtuose, nerveuse, et a gagné quelque chose qu'il n'avait pas dans sa jeunesse. Qu'est ce que c'est? Car legris a près de 45 ans et part à la retraite cette année. Et j'ai vu bon nombres de danseurs qui artistiquement étaient extraordinaires à la fin de leur carrière, mais avaient perdu de leur " panache" technique, ce que compensait leur maturité artistique. Là, ce n'est pas le cas : non seulement la technique est intacte,mais elle semble avoir acquis une précision, une intensité supplémentaires.  Comme si un feu ardent couvait sous chaque pas...

 
Les deux autres rôles que j'évoquais plus haut atteignent eux aussi une perfection tant sur le plan de l'interprétation que de la technique

Aminta, débordant d'amour pour Sylvia, est un personnage pathétique, qui nous rappelle toute la force qu'a le mot nostalgie. Sa première variation est débordante d'espoir, d'amour, et au fil du temps et du choix de Sylvia, le personnage gagne en tristesse et en chagrin. Il nous emmène alors dans le pays de l'hiver, où résonne en echo lointain le souvenir d'une jeunesse... et pourtant, l'amour n'est pas mort... IL y a une très belle captation video de ce ballet disponible en dvd.... le rôle est sur le fil, tout en sensibilité, en délicatesse, mais sans aucune mièvrerie.

Quand au personnage de Charlus, Legris lui donne là aussi une humanité qui n'est pas si facile à rendre. Ainsi, ce personnage bafoué dans son amour ne devient pas grotesque mais profondément touchant.
Et lorsque vient la variation ou Legris/ Charlus entend Morel jouer du violon, on retient son souffle tant on est emporté par la fougue, la précision, la netteté des pas dansé par Legris... il règne alors une frénésie que l'on connait lorsque l'on est amoureux. Et derrière cette frénésie transparait un vague ridicule d'un personnage du boulevard Saint Germain qui " s'oublie presque" dans cette effroyable société que sont ces parvenus de Verdurin....

Bref, je n'ai pas souvenir à l'opéra de Paris d'avoir été ainsi étonnée par des danseurs à la fin de leur carrière. ( Des danseuses si! N Pontois notamment)

Legris, au delà de sa technique a cette capacité incroyable a surprendre encore par l'intelligence qu'il a des rôles qu'il endosse. Et cela, c'est à mes yeux, le plus cadeau qu'on puisse faire à un spectateur : l'emmener là où il ne pensait même pas aller... lui faire retenir son souffle, tant l'intensité esthétique emporte vers des hauteurs d'où l'on redescend profondément nourri et enrichi....

Partager cet article
Repost0
19 février 2008 2 19 /02 /février /2008 13:26

undefined


Bessmertnovna s'en est allée ce mardi, à l'âge de 66 ans...
Elle appartenait à l'école du Bolchoi...
Je n'ai jamais eu, hélas, la possibilité de la voir sur scène
En revance, c'est elle qui m'a donnée mes plus fortes émotions artistiques lorsque j'avais 13 ans
La télévision avait diffusé Giselle, tournée en studio. Elle y dansait le rôle titre. Elle y était exceptionnelle.
Son image m'a hantée des années et des années durant... ce que j'avais vu à la télé restait l'une de mes grandes références de Giselle...

Comme toutes les grandes, aucune démonstration de virtuosité gratuite : mais une maitrise parfaite de chaque intention... le corps répondait parfaitement, et n'était là que pour servir les émotions, incarner un personnage. Pas d'esbrouffe...

Bessmertovna a enregistré deux fois Giselle. Une fois jeune, une fois à près de 50 ans. J'aime les deux... et je les ai toutes les deux à la maison. Dans la seconde, la maturité artistique est à couper le souffle
Dans la première, elle est physiquement plus crédible au premier acte...

Au deuxième acte, Bessmertnova est une Giselle complètement aérienne, d'une légèreté rarement égalée. Un vrai fantôme, comme le romantisme les aimait tant... ( et moi aussi!)
Ses ports de bras sont doux mais précis, nets mais sans sécheresse, et elle respecte complètement l'esthétique romantique.... cet abandon dans les bras, mais sur des pointes d'acier...

Dans le deuxième acte, Giselle reste aussi modeste que dans le premier....

gisell06.jpg

J'ai consacré un article à sa Giselle....

Cette artiste qui a reçu les plus grands honneurs, aura sans doute toujours ignoré qu'elle a fait couler les nombreuses larmes d'une petite adolescente française devant sa télé, qui, trente ans après est toujours aussi émue en la regardant danser...

Emouvante et géniale Bessmertnova!

C'est l'une des plus belles faces de l'art : on ne sait jamais qui on touche, ni a quel point on peut vivre dans l'esprit de quelqu'un....

ivan04.jpg




lire aussiGiselle, version studio de 1974

Bessmertnova dans le rôle d'Anastasia, extrait du ballet Ivan le terrible, créé par son mari Grigorovitch
Partager cet article
Repost0
24 janvier 2008 4 24 /01 /janvier /2008 08:13

Spartacus3_big.jpg Dimanche, je suis allée voir Spartacus, à l'opéra de Paris dansé par la compagnie du Bolchoi avec comme artiste invité Denis Matvyenko : ce fut une totale révélation!

Ayant aimé l'Ivan le Terrible de Grigorovitch, je pensais que ce Spartacus aurait les qualités nécessaires pour me plaire... les autres programmes, très franchement ne m'inspiraient pas : Le Corsaire, version Petipa ( je hais la Bayadère!) ou encore un programme réunissant des chorégraphies de Petit ( celle ci ne me disait franchement rien) et d'un chorégraphe russe contemporain

J'ai donc opté pour l'oeuvre succeptible de me plaire

Très franchement, je n'ai pas été bouleversée par l'oeuvre dans son ensemble que l'orchestre Colonne une fois de plus s'est fait un plaisir de massacrer d'un bout à l'autre... Katchaturian se massacre facilement, il faut dire, et l'orchestre s'en est donné à coeur joie!

Ce n'est pas la scénographie, intelligente, qui gâche le ballet. Ce sont plutôt les chorégraphies de groupe elles mêmes que j'ai trouvées très naïves...  les chorégraphes hollywoodiens des années 50 ont plus d'imagination, de fantaisie, d'audace!
Cependant,  opposer deux couples ( le général, sa courtisane, d'un côté, puis Spartacus sa femme de l'autre, les uns représentant le pouvoir en place, les autres, l'incarnation de la liberté face à l'oppression) permettait d'en tirer de remarquables face à face, pas de deux, et de varier "monologues" autrement dire solo et scène de groupe... tout cela permettait une dramaturgie interessante, facile à suivre.

En revanche, les costumes, la gestuelle des Romains, des courtisanes, la scène d'orgie, tout cela est gentillet.... de plus, je n'ai pas trouvé la troupe du Bolchoi excellente : certes, les danseurs dansent avec conviction, énergie, mais j'ai souvent trouvé que le tout manquait singulièrement de classe, c'était parfois un peu fouilli, un peu brouillon... 

Personnellement, je trouve la vision de Rome par Leriche dans Caligula beaucoup plus pertinente : mais en comparons pas ce qui ne peut l'être... et puis, je vais en reparler bientôt!

En revanche, et c'est là mon coup de foudre de ce dimanche 20 janvier, le Bolchoi pour incarner l'épuisant et éprouvant rôle de Spartacus, avait fait appel à l'étoile Ukrainienne Denis Matvienko...

Il m'a littéralement bouleversée, captivée, émue, impressionnée, bref!

Ce rôle de Spartacus demande d'abord un engagement émotionnel total. Ensuite, une force physique peut commune car de très nombreux portés tous plus impressionnants les uns que les autres émaillent le ballet. Lorsqu'il porte Phrygia d'une seule main, en la soutenant sous la hanche et qu'il traverse le plateau... on pourrait se croire au cirque... et bien pas du tout, et c'est là tout l'art de Matvyenko : ce porté n'est pas là pour dire : " regardez moi, vous avez vu??? " mais plutôt  " Phrygia, je te protègerai, n'aie crainte, je reste à tes côtés"  et du coup, au lieu d'applaudir, on retient ses larmes...

C'est bien Spartacus /Matvyenko qui a donné  toute sa force au ballet, qui lui a donné toute son âme...
C'est toujours bouleversant de trouver un artiste idéal sur scène, qui non seulement est doté d'une prodigieuse énergie, d'une technique accomplie, mais qui en plus, a cette dimension artistique qui fait toute la différence entre d'excellentes techniciens, et des artistes...

 

Dans la scène du camp, où ses hommes l'abandonnent un à un, sentant que Crassus lève une armée pour écraser la rébellion, Matvienko m'a remis en mémoire une  scène bouleversante  de Cléopâtre : Marc Antoine/Burton s'élance seul dans le désert face à l'armée d'Auguste, après que ses hommes l'aient tous abandonné...

Bref, cet interprête a vraiment donné tout son talent et toutes ses tripes... il parait même qu'il a dansé ce rôle deux fois dans une journée, l'un des danseurs s'étant blessé ( 6 heures de scène!!!)

J'étais au troisième balcon, en fond de loge, et j'ai d'abord mis mon ennui face au ballet au fait que j'étais assez haut par rapport à la scène : je n'arrivais pas à entrer dans le ballet, j'étais distraite par toutes sortes de pensées, jusqu'à ce que Spartacus entre en scène... 
comme quoi, le placement, lorsque le talent est là, ne compte pas vraiment... du haut de ma 3ème loge, je me souviens avoir été à ce point captivée par Spartacus et sa danse que j'en oubliais le lieu ou j'étais et ma position toute tordue qui me vaut aujourd'hui un bon torticolis

J'espère vraiment avoir l'occasion de revoir Matvyenko : s'il revient à Paris, je vous fais signe : il ne faut le manquer sous aucun pretexte. De tous les danseurs que je connais, c'est l'un des meilleurs!

Voici le site des Matvyenko d'où est tiré la photo Spartacus, car Denis a pour épouse une danseuse viblement aussi talentueuse que lui!

Matvyenko, Spartacus







Partager cet article
Repost0
29 novembre 2007 4 29 /11 /novembre /2007 10:45

  ponto01.jpg

Je reviens vers cette danseuse que j’aime plus que tout au monde ; j’ai beau en trente ans avoir vu de nombreuses ballerines sur scène et pas des moindres ( Guillem, Guérin, Loudières, pour ne parler que de celles là), personne ne peut remplacer ni égaler Noella Pontois. Elle reste pour moi la ballerina assoluta, dans mon cœur et dans ma mémoire de balletomane. 

Hier, j’aurais dû, s’il n’y avait pas eu grève, assister à la première de Casse Noisette ; j’étais si triste que je me suis consolée en regardant Raymonda de Noureev. J’ai mis l’enregistrement à l’heure à laquelle j’aurais dû être à Bastille, pour malgré tout, avoir l’illusion d’être avec Noureev et ses ballets. Les grèves me privent d’un ballet-Noureev ? Et bien, je regarderai cette captation qui est presque historique : il y a vingt cinq ans, j’étais dans la salle, découvrant ce ballet, cadeau de Noureev à l’opéra de Paris pour son entrée au sein de la « grande boutique » comme directeur de la danse. 
Enregistré il y a vingt cinq ans à la télé avec les moyens de l’époque par un ami qui m’en a fait une copie, ce ballet est inregardable si vous n’êtes pas un balletomane absolu : vous imaginez la qualité : lors des plans d’ensemble, on ne distingue pas les visages, on voit des corps avec un visage tout blanc, et les plans larges sont tout flous, on ne voit pas la ligne des jambes et des bras, idem pour les décors, les costumes, on n’en voit pas les détails ! Seuls, les solistes sont « regardables », mais alors quels solistes !!!! 
Imaginez : dans les rôles titres : Noureev, Pontois Guizerix, à qui il faut d’ailleurs que je consacre un article Pour les amies d’Henriette : Loudières et Vulpian, étoiles toutes les deux ! Ensuite, pour les garçons, amis des amies : Legris et Hilaire, sujets à l’époque ! Les danses espagnols étaient dansées par Dupond et Legrée, alors étoiles ( d’ailleurs, revoir Dupond hier, acclamé à juste titre, m’a émue !) La danse hongroise était dansée par Pietragala, pas encore étoile : quelle belle danseuse ! Et pour finir, les Sarrasins solistes étaient dansés par Guérin, sujet, elle aussi et Patey ( j’ai un doute sur lui !) Bref : l’excellence réuni en un seul ballet ! 

Qu'a t'elle de plus que les autres?


Mais revenons à Noella ! Pourquoi me disais-je, éclipse t’elle à mes yeux toutes les autres, même 25 ans après alors que la technique classique qui a beaucoup évolué, va maintenant vers l’exploit : elle ne lève pas la jambe à l’oreille, elle ne saute pas à 3 mètres de haut, il n’y a rien de spectaculaire au sens « exceptionnel » du terme, ses 1m 56 devrait la rendre petite et fragile et pourtant il n’en est rien ! tout comme Fonteyn, dans un tout autre registre, car Fonteyn a une danse « so british »,Noella a un corps idéalement proportionné avec des bras et des jambes longs et fins, un visage ravissant avec des yeux immenses. Quand elle danse, ses pieds cisèlent chaque pas, avec une précision de joaillier, tandis que ses bras accompagnent le mouvement avec souplesse, sans rechercher le joli, le décoratif, ce qu’ont tendance à faire les « mauvaises danseuses » avec elle, tout est sobre, juste, pur et totalement gracieux naturellement semble-t-il. Son goût est sûr. De plus, elle est d’une légèreté incroyable ( à côté d’autres ont l’air si raides !) on la croirait remplie d’air, ce qui ne retire rien à la sureté de ses mouvements, à leur énergie.
 
Prenons l’entrée de Raymonda : elle arrive, genou à terre, relevé en quatrième attitude avec la fleur à la main en l’air, l’épaulé, le regard, mouvement qu’elle va répéter 5 autres fois et qui demande un bon tonus ; Et bien en la voyant danser, on ne voit que la joie de cette enfant à ramasser les fleurs et à s’en amuser, et on en peut qu’admirer la précision, la facilité, la grâce d’épaulé, la sureté du pied, la fluidité du tout… 
Son oreille musicale est parfaite, chaque pas coule sur les notes comme si c’était la musique qui lui insufflaient les pas. Là où l’effort apparaît chez d’autres ( même d’une manière minime) il n’y en a aucune trace : par exemple dans l’adage du premier acte, on voit souvent les danseuses aller au bout de leur mouvement en développant la jambe en quatrième très haut et en étirant jusqu’à la pointe, puis en posant très loin le pied, et rien que cela, même bien dansé,se voit chez certaines : la recherche du « bien faire le pas » Chez Noella, on voit Raymonda qui rêve cet adage, et se laisse porter par sa rêverie sur la musique, comme si l’air la soutenait… Enfin, dans cette légèreté, dans cette musicalité, elle a une vraie puissance, mais jamais jamais elle ne travaille en force : on ne voit pas l’effort, mais on voit la personnalité Lorsque dans la dernière variation, celle de la « claque », elle montre toute la puissance de Raymonda, en trois pas, tout y est : son interprétation est d’une sobriété invraissemblable : elle ne quitte pas son interprétation une seule minute, ce qui prouve aussi une faculté de concentration exceptionnelle, et à partir de la, comme un Naja, elle emmène le spectateur où elle veut ! Entre la début de la variation, très long, et la deuxième partie, il y a une vraie continuité, elle ne tombe pas dans le piège de « briller » dans la deuxième partie, en sautant, en faisant rapidement les pas : non, une fois encore, elle privilégie son interprétation, celle de son personnage, avant de « faire les pas » 

ponto02.jpg

Danse virtuose, danse de l'âme ?

Bien évidemment, si je compare l’autre grande ballerine Guillem dans ce même rôle, ( je l’ai vue danser Raymonda plusieurs fois aussi) je ne peux que remarquer tout ce qui les oppose : Guillem est magnétique, hypnotique, fascinante, nerveuse, et comme souvent, prend les tempos rapidement, ce qui donne à sa danse une intensité haletante, une virtuosité qui ne cède en rien au goût. Mais Pontois, elle, est seulement juste : je mettrai Guillem sur le même plan que les Plissestkaia, par exemple, tandis que je ferai une même famille de danseuses avec Fonteyn et Bessmertovna… Les premières ont des qualités physiques exceptionnelles qu’elles mettent au service de la musique et de la danse : endurance, puissance, virtuosité, laxité, rapidité… Les secondes ont une musicalité, une poésie, un goût sur du mouvement, une grâce au naturel innée qu’elles ne transforment pas en mièvrerie car elles sont artistes, qu’elles mettent au service des personnages qu’elles incarnent… 

Concentration, perfection, capacité de travail, musicalité... beauté, tout y est !

J’ai vu Noella Pontois dans Giselle, dans le rôle d’Odette et d’Odile, dans le rôle d’Aurore, dans le rôle de Kitri… et à chaque fois, je n’en ai pas perdu une miette… Cette artiste avait en plus une vraie personnalité, sa douceur cachait une determination fantastique, une capacité à travailler, à apprendre, à rechercher le parfait, mais jamais au détriment du rôle ou de la justesse de la danse ; elle était aussi une actrice fantastique : ainsi, pour Aurore, qu’elle dansa jusqu’à sa retraite à 50 ans ( je l’ai vu sur scène cette année là dans ce rôle en 1994) on croyait à la juvénilité de la jeune princesse au premier acte, comme à son épanouissement de femme au troisième acte… 

En pensant à elle, je pense aussi à l’esthétisme de la danse classique d’aujourd’hui : les corps ont grandi, se sont terriblement affinés, plus aucune danseuse ne ferait un développé seconde qui n’irait pas au moins à l’épaule… Reverrons nous alors des Noella ? des Margot ? des Bessemertovna ? Je ne le crois pas… mais je guette au sein de l’opéra si certaines danseuses ne feraient pas partie de la même famille J’en vois bien une, presque 15 ans après le départ de Noella : Mathilde Froustey ( Dorothée Gilbert elle, serait plus dans la famille Loudière !) Mais il en faudrait pas que Mathilde, prodigieusement douée, qui a une musicalité imparable, ne cède à une certaine « facilité » en en appelant trop à sa grâce, à sa beauté, au détriment de la ligne si juste qu’avait trouvé – d’instinct ou par le travail, je ne saurai le dire – Noella. 
Encore une chose sur Noella : son regard : en scène, elle pouvait lui donner mille expressions, et ses yeux étaient éloquents : c’est un atout de plus pour un danseur, car les yeux remplacent complètement la parole, dont sont privés les danseurs. Dans les grands yeux bleu marines de Noella, se lisaient toutes les émotions, tous les sentiments du monde, y compris la puissance absolue, comme dans la dernière variation de Raymonda…

ponto03.jpg



lire aussiNoella Pontois, souvenirs

Raymonda de Noureev
Partager cet article
Repost0
5 novembre 2007 1 05 /11 /novembre /2007 08:27

lautrec-loie-fuller02-copie-1.jpg

A la lecture de l'excellente biographie de Giovanni Lista, plusieurs réflexions sont nées que je me pose depuis un certain temps : 

qu'est ce que la danse? pourquoi appeler danse des formes d'expression théâtre qui finalement font la part minime au mouvement, et plus a des concepts? Comment définir ce que les Américains appelent le " high art" et le " low art"? Beaucoup ce clivage entre un art élitiste et un art populaire?

Et surtout, est ce que toutes ces étiquettes sont vraiment importantes?
Le geste seul ne suffit-il pas?

N'en étant qu'au tout début de la biographie, je reviendrai sur cette artiste, dont je ne désire pas faire le portrait : lisez plutôt la biographie!
Aujourd'hui, je veux seulement casser ( grâce à Giovanni!) l'image trop lisse de cette danseuse des Folies Bergères dont on dit toujours " c'était une pionnière" sans expliquer pourquoi.
Sincèrement faire voler des tissus aux folies bergères, où est la gloire? Ce n'est pas parce que Lautrec, Rodin, les Symbolistes ( dont Mallarmé en tête) se sont entichés d'elle, que celà suffit!



Tout a commencé en Amérique!

Oui, Loie est bien américaine : oui, elle a fait carrière à Paris, sa patrie d'adoption, où elle mourra. 

Depuis l'enfance, elle rêvait de gloire à n'importe quel prix, s'est essayée au théâtre, au chant, a été "girls"... a loué à Londre un théâtre pour y monter Shakespeare ( une catastrophe!) avant de retourner aux états unis sans le sou mais avec un mari financièrement très compréhensif... 
bref, sa vie, à ses débuts,  est un modèle de ratages, d'échecs, de vaches maigres, mais  d'opiniatreté et de ténacité, jusqu'au jour où, par hasard, dans une des pièces de théâtre qu'elle jouait en tournée aux états unis ( et qui une fois encore sera un échec lamentable à New york) elle agita sa longue robe derrière la tête, dans une scène de spiritisme, et le public se mit à dire à haute voix " un papillon! une orchidée!" parce qu'il voyait des images naitre de sa longue longue robe blanche.

Là où Loie a du génie, c'est qu'elle comprend aussitôt que son succès est là, car ensuite, en répétant la scène, c'est fois ci bien consciemment, le public réagit à chaque fois de la même manière et la pièce n'a du succès en province que parce que le public désire voir cette scène de spiritisme.

Avant ce moment inoubliable, Loie s'était déjà entrainée au maniement de la jupe dans un genre qu'on appelle " skirt dance" et qui avait déjà à l'époque beaucoup de succès : la jupe, très évasée et très longue, était maniée en utilisant les effets de drapés, de mouvement. Elle a eu l'instinct de l'utiliser plus ou moins consciemment dans la pièce de théâtre pour donner plus de sens à la scène qu'elle jouait.

lfullernypldg-copie-3.jpg

Elle va aussitôt exploiter ce " filon" mais d'une manière totalement rigoureuse jusqu'à ce qu'elle trouve quelque chose d'unique : tout de suite, elle a l'idée de travailler la lumière ( l'électricité est là!) et le fond de la scène. 

Et puis, c'est le succès à New york, le départ pour Paris, et son engagement aux Folies Bergères, elle qui rêvait de l'opéra de Paris :

Nous y sommes!

 

Loie et les Folies Bergères

 

A partir de là, elle va travailler sans relâche, jour et nuit, déposer de nombreux brevets avec des systèmes sophistiques d'éclairages :  fontaine lumineuse sur laquelle se tient la danseuse, scène avec des caissons de verre sous le plancher où sera mis des éclairages; boules de verres accrochées ou plafond et sur les murs ou se réfletera la lumière, fond noir ( ce qui ne se faisait jamais à l'époque)

Elle dépose aussi un brevet où le tissus est tendu sur deux batons recourbés en leur bout.


Et elle travaille avec une équipe de 27 électriciens, plus les autres techniciens, ce qui fait une équipe de 40 personnes, qui l'accompagnent  dans ses recherches jusqu'à 6 heures du matin parfois!
 


à suivre!!!!



209.jpg

Partager cet article
Repost0
12 septembre 2007 3 12 /09 /septembre /2007 07:18

loudi01.jpg Monique Loudières.... pourquoi un article sur elle ce matin? Tout simplement parce que hier j'ai visionné quelques extraits des fabuleux films de Dominique Delouche, et que j'ai pris conscience du grand vide qu'elle avait laissé à l'opéra, tout comme Noella Pontois... 
Ma rencontre avec Loudières a été un vrai coup de foudre!
J'étais venu voir danser Pontois dans don Quichotte, et Loudières, alors première danseuse, jouait une des amies de Kitri; je ne l'avais encore jamais vue sur scène... mais ce soir là! Elle étincelait! Technique, virtuosité, présence, charisme, beauté, tout y était!!!! Quelques semaines plus tard, Pontois se blessait en Italie dans Don Quichotte, Loudières la remplaçait au pied levé et était nommé étoile...
 ah, pour l'anecdote, Guillem dansait la reine des Dryades le soir où je la vis pour la première fois!...

Je peux dire qu'à chaque fois que j'ai vu danser Loudières, je n'ai jamais été déçue! Une vraie étoile! D'abord, une précision à couper le souffle! Ensuite, une musicalité absolue! et puis, un feu, une fougue, un engagement total dans la danse... 
Loudières, sur scène, était du vif argent! Avec une maîtrise! Elle faisait partie de ces étoiles dont on est toujours sûre, et qui du reste, artistiquement, étonne toujours!
A l'époque, elle était ma deuxième favorite, tout de suite après Pontois!
Elle avait le même feu intérieur que ma chère Claire Motte, d'ailleurs, Don Quichotte leur allait comme un gant à toutes les deux!
Quand elle dansait avec P Dupond, - il ne faut pas oublier quel immense danseur il a été, et quel partenaire fantastique il était pour Loudière - vraiment,  on ressortait du théâtre des ailes aux pieds, le coeur en fête, avec une envie d'aimer la vie, la danse, et de dévorer tout cela à pleines dents!
Je n'ai jamais vu des partenaires communiquer autant d'amour, de joie de vivre et de danse à leurs spectateurs dans ces ballets gais comme Don quichotte que Noureev savait si bien mettre en scène!

Et puis, Loudières était sur scène une excellente actrice! Dans l'histoire de Manon, elle était déchirante au troisième acte... tout comme elle l'était dans Roméo et Juliette. 
Ce ballet qui existe en dvd me fait toujours regretter l'ère Noureev : quand je vois la perfection de tous les artistes sur scène dans ce ballet, la vie qui anime le plateau même dans les rôles de figuration, j'ai une grande grande bouffée de nostalgie...
Juliette lui allait aussi à merveille : espiègle et enfantine au premier acte, puis amoureuse, puis déchirante au dernier acte; elle aimait danser ce ballet et surtout le troisième acte, car toutes les difficultés techniques étaient passées, et elle pouvait alors donner sa pleine mesure de tragédienne sur scène...
Quand à Giselle... au second acte, je n'ai jamais vue une danseuse aussi légère, aussi " esprit", et si romantique dans le sens premier du terme.

Peu de temps après sa nomination, il y a eu une émission à la télé où on la voyait à New York travailler un solo avec Alvin Ailey : double choc! Je ne connaissais pas Alvin Ailey à l'époque et découvrir ce chorégraphe qui allait si bien à Loudière fut une " révélation!": vingt cinq ans plus tard, je la vois encore très nettement danser ce solo sensuel, tonique, virtuose, qui exigeait une grande rigueur et une grande liberté tout à la fois... l'ivresse de la danse, c'était exactement cela !! l'alliance du jazz et du classique unis pour le meilleur!

Hier, j'ai donc visionné Loudière apprenant la variation de l'Ombre avec l'exigeante Chauviré, puis travailler Balanchine sur la sonatine de Ravel avec la tonique Violetta Verdy, puis danser le pas de deux de Don Quichotte avec P Dupont : que du bonheur!
Eve Ruggièri lui avait consacré une émission elle aussi... on la voyait travailler au quotidien et on découvrait aussi ses deux petites filles... ainsi que son mari H Dirmann qui était aussi danseur à l'opéra.

Lorsque je revois les documents de cette époque pas ancienne du tout,  je prends conscience que les actuelles étoiles féminines de l'opéra de Paris d'aujourd'hui sont bien différentes... ce sont d'autres générations... les choses et les temps ont changé... 
Et Noureev n'est plus là pour "étriller tout ce beau monde comme un petit cheval de course" ( V Verdy parlant de Loudière)
 
Je ne sais pas exactement pourquoi Loudière est partie s'occuper de l'école de danse de Cannes dont elle est la directrice et n'est pas restée à l'opéra de Paris transmettre les rôles aux étoiles d'aujourd'hui comme Pontois ou Thesmard... Mais je sais que sur scène, elle me manque!
Quand je vois Dorothée Gilbert, je vois en écho Loudières : non, je ne compare pas! c'est juste une histoire de " famille!"
Par exemple, M Froustey m'évoque parfois N. Pontois, et bien D Gilbert me rappelle Loudières! comme des filiations, des familles spirituelles, animés par les mêmes affinités électives!

loudi05.jpg



En tous cas,  je suis ravie de tous les documents que je possède sur elle, grâce, notamment aux films de D Delouche, et je suis encore plus heureuse de l'avoir vue danser

Quand je revois les documents de danse, où elle répète, travaille, danse, je suis infiment émue : elle respire la danse, elle est la danse, son esprit, son souffle, son incarnation : son visage irradie tellement lorsqu'elle danse, cela lui semble si naturel, elle est tellement habitée!!!

Et pourtant, elle disait qu'elle n'était pas la plus douée à l'école de danse, qu'elle était raide...iMais elle portait en elle ce feu sacré, qui, finalement, est si rare!

Elle reste aussi tout simplement... inoubliable!.....



( à suivre!!!!....)
Partager cet article
Repost0
11 mars 2007 7 11 /03 /mars /2007 15:35

Ce film, de Nicolas Ribbowski, est particulièrement fort et touchant. Il a été réalisé en 2005.

Mais avant d'en parler, quelques mots sur P Dupond,que j'ai vu sur scène lorsqu'il était l'un des meilleurs danseurs classiques du monde!

A 17 ans, il remporte le grand prix de Varna, avec une telle différence de points d'avec les autres candidats que le jury ne donnera pas de médailles d'argent cette année là...

Etoile adulée, directeur de la danse, P Dupont qui a dansé sur toutes les scènes internationales connaît gloire, succès et honneur très jeune... jusqu'à ce que....

Et bien la roue tourne... exclusion de l'opéra de Paris qui le renvoie  pour un vague motif d'absence à une répétion d'un ballet qu'il ne dansait pas (il gagnera son procès contre l'opéra) accidents très graves, dépression, prison, abandon par presque tous, sauf un petit groupe de fidèles amis... P Dupont connaît alors une traversée de désert terriblement douloureuse....

Jusqu'à ce que C Bessy lui demande de remonter sur scène à l'occasion de ses 60 ans d'opéra de Paris... il a quarante cinq ans, âge auquel les danseurs ne dansent plus... d'ailleurs, il ne danse plus depuis un moment... Il ne sait s'il peut accepter. Il  n'est plus le danseur qu'il a été... il n'est d'ailleurs plus que l'ombre de celui qu'il a été... et pourtant il se laisse convaincre.

Et c'est là que le film commence : on suit tout le travail que P Dupond va effectuer dans l'humilité la plus absolue  pour cet unique retour sur scène. Il dansera    Salomé que M Béjart, un ami, a réglé pour lui...

J Marie Didière le prend sous son aile pour lui redonner confiance... en lui, mais aussi en son corps qu'il va remettre au travail de A à Z. Ce sont des moments très émouvants dans le film :  P Dupont travaille à la barre sous l'oeil vigilant, tendre, attentif mais sévère aussi de son meilleur ami depuis l'enfance (tous deux, se souvient C Bessy étaient les garçons les  plus turbulents de l'époque!!)

Pendant le film, P dupont revient sur sa carrière : il a dû mal à savoir très exactement qui il a été... mais on sent que la danse est toujours au coeur de son âme.

A la fin du film, on le voit donc danser quelques minutes de Salomé lors de ce grand gala très solennel.


Très sincèrement, la première fois que j'ai vu l'extrait de Salome, je me suis dit : " oh là là, il n'est plus le danseur qu'il était"  et ça  m'a   fait mal de le voir grossi, plus aussi agile, empâté...

Mais lorsque j'ai revu pour la seconde fois ce documentaire, j'ai laissé tomber mes attentes ( une fois de plus) pour visionner une fois encore ce Salomé dané par un P Dupond de 45 ans : je me suis retrouvée les larmes aux yeux, tant son interprétation est  immense...

Certes, P Dupont n'a et n'aura plus jamais le panache du grand danseur qu'il fut, mais l'être humain, l'artiste, sont riches d'une sève neuve, vivante, et qui a beaucoup à donner...

il faut voir ce magnifique documentaire dont voici un extrait ici :

 http://www.vodeo.tv/18-106-3373-patrick-dupont-le-defi.html?visu=3373

 


 En conclusion: la danse classique nous habitue à la prouesse, au vertige de la virtuosité, à l'ivresse des tours enchainés à une vitesse qui défie la loi de l'équilibre... et elle a évolué vers cela... mais derrière l'acrobate, si l'artiste reste intact, même si sa technique décline, il restera l'émotion, l'humain....

Partager cet article
Repost0
14 février 2007 3 14 /02 /février /2007 10:44

  Laurent Hilaire, danseur étoile à l'opéra de Paris depuis 1985, fait officiellement ce soir ses adieux à la scène... je ne serai pas dans la salle, c'est trop triste... car non seulement, un immense danseur se retire avec majesté, mais l'ombre de Noureev s'en va aussi... car  L.  Hilaire est l'un des derniers de cette époque bénie...

Il dansera les " chants du compagnon errant" de M Béjart.


les derniers rôles où je l'ai vus

Ces toutes dernières années, si Laurent Hilaire a  renoncé aux grands rôles du répertoire classique, il n'en a pas moins été bouleversant d'intensité et de poésie dans des rôles comme celui de Mnester ( Caligula de N. Leriche) ou encore  dans celui du Mandarin,  (chorégraphie de Béjart.) Le voir sur scène est toujours magique... en quelques scènes de danse, il s'imposa complètement, et éclipsa aussitôt dans ma mémoire tous les danseurs que j'avais vus les mois précédents... c'est cela, une étoile... elle brille plus que les autres, même dans l'immobilité... 

Dans ces deux rôles, ce n'est pas tant par la virtuosité physique qu'il brille, mais par sa présence, son sens du théâtre,   la beauté de son  mouvement, pur, net, précis, complètement habité...

Dans Mnester, la perfection de sa ligne ( corps aux muscles longs, et aux proportions idéales) et l'intensité de sa présence sont inoubliables : ce fut un grand moment de danse...


 

 

 

 abderam, ( rêve d'étoile)       

Mes rôles préférés      

Mon plus fort souvenir reste un Roméo et Juliette, en 1991 avec Sylvie Guillem... jamais je n'avais vu un tel déploiement de virtuosité, de sensualité, de romantisme et de flamboyance, alliée à une telle sensualité... de plus, c'était la première fois que je voyais un couple incarner les deux amants avec autant de passion... la symbiose entre les deux danseurs était parfaites et quelques 16 années plus tard, j'en garde encore un souvenir précis et profond...

Un autre rôle où j'ai adoré L Hilaire, est celui de Frollo dans Notre Dame de Paris de R Petit. Ce personnage maléfique, dévoré de haine et de désir, qui détruit ce qu'il ne peut posséder était incarné avec une rage qui n'en laissait pas moins la place, une fois encore, à une technique de danse maîtrisée, mûrie, aboutie...

Lorsque Raymonda fut repris en 1998 à Bastille, il endossa avec bonheur le rôle d'Abderam... ( photo)

Excellent dans le néo-classique, comme dans les rôles classiques, Laurent Hilaire a toujours débordé d'énergie... il aime aussi à dire que la naissance   de ses deux enfants lui a donné du poids sur scène, même si du coup, son emploi du temps déjà chargé de danseur étoile s'était vu doublé. En 2001, à déjà 40 ans passés, il a remplacé  au pied levé pour le rôle de Roméo plusieurs danseurs blessés en plus de ses propres soirées...

Solor, acte des ombres, la Bayadère

 


 

Les dvd ou documents

 

Une chance : quelques dvd immortalisent son talent ( même si rien n'est préférable au live : Notre Dame de Paris ( Frollo/ R. Petit) Le Parc,( Prejlocaj)  La Bayadère (Solor/ Noureev)... et dans le documentaire sur Raymonda, Abderam... on le voit aussi dans le film de N. Tavernier " tous près des étoiles" et lors de la captation de Raymonda, en 1983, il danse le rôle de Béranger, il n'est pas encore étoile...

L Hilaire est depuis quelques années maître de ballet, ce qui veut dire qu'à son tour, il transmet les rôles... grâce aux passeports de l'opéra de Paris, qui sont des répétitions publics offertes gratuitement, j'ai eu la chance de le voir faire répéter quelques danseurs, avec rigueur et générosité...

La mémoire est sans doute le don le plus précieux fait à l'être humain... grâce à elle, plus encore qu'aux dvd, je continuerai de voir danser L Hilaire très longtemps encore....

Saluts de L Hilaire, Solor/ La Bayadère

 


 

Vous trouverez sur le site de C Schemm la biographie complète ( impressionnant travail!!) de Laurent hilaire et d'autres photos

Sur Youtube : video de Hilaire/ Solor: http://www.youtube.com/watch?v=BBkDCDgyXkw

 

et surtout sa variation de Solor : http://www.youtube.com/watch?v=KMkmgj1dOVE

toujours sur youtube : l'exceptionnel pas de deux in the middle avec Sylvie Guillem :

 http://www.youtube.com/watch?v=vJTS0Igx7LI

rare : Hilaire/ ferri : carmen : http://www.youtube.com/watch?v=Fyyha6j1k38

Partager cet article
Repost0
4 décembre 2006 1 04 /12 /décembre /2006 15:51

Ecrit en 2006

 

Je voudrais aujourd'hui rendre hommage à un danseur absolument génial, inclassable, hors " tout" qui s'appelle Jean Babilée...

Je ne vous mentirai pas, je ne l'ai jamais vu sur scène...

Mais vous voyez cette photo? Elle était dans mon tout premier livre sur la danse que l'on m'avait offert pour mes douze ans... comme je n'aimais pas lire, je me contentais de regarder les photos... et celle ci plus qu'une autre m'intriguait, m'inquiétait, me fascinait... ce n'est que des années plus tard que j'ai su qu'il s'agissait du " Jeune homme et la Mort" de Roland Petit, créé pour Babilée, en 1949... Jean avait 23 ans, un tempérament de feu, entier, fort, et indépendant... et je comprends qu'il ait aussi fortement inspiré R Petit : pour moi, c'est son plus beau ballet : un concentré de 17 minutes  de passion, de désespoir, d'amour, de solitude, de mort... avec pour fond les toits de Paris ( Cocteau était passé par là...)

Dans un documentaire que j'ai vu ensuite, j'ai eu la chance de voir Babilée danser ce rôle...

Bigre!

Rien ne peut lui être comparable... Noureev et Leriche sont bouleversants, émouvants, ils vous embarquent dans cette histoire de garçon qui attend son amie, qui trouvera la mort.... on est captivé... hors temps, hors tout pendant tout le ballet...

mais Babilée est ... à couper le souffle! Il y a une férocité dans sa danse, une rage, et une maîtrise tout à la fois... ses pirouettes sont comme la foudre, ses sauts comme le tonnerre, ses mouvements soulèvent des lames de fond qui nous engloutissent, et tous les accessoires utilisés semblent fondre dans ses mains de feu... indescriptible!

A 80 ans, il est toujours en mouvement, et il ne s'arrêtera qu'à son dernier souffle je suppose... comme Graham...

Barishnikov dit que de tous les danseurs c'est celui qui l' a le plus "inspiré" à cause, en partie ( outre sa technique) du questionnement existentiel qui l'accompagne... et pourtant, quand il l'a vu danser, Babilée avait plus de cinquante ans...

 

 


 

 

Babilée aime à  raconter des anecdotes de sa vie. En voici  trois parmi tant d'autres...

la toute première: enfant, il s'est blessé en tombant d'un arbre, je crois, tout à coup, il entend le médecin dire derrière la porte de sa chambre : " s'il bouge seulement un peu, il restera paralysé à vie". Alors, dit-il, " je n'ai plus bougé d'un cil pendant des mois"

La seconde : lorsqu'il est arrivé à l'Opéra, en cours d'année, certains enfants savaient déjà des pas, et lui non. Du coup, les autres se moquaient de lui.  Alors dans les vestiaires, il a ouvert la fenêtre et s'est mis en équilibre sur les mains sur le rebord, la rue dix mètres en dessous,  et est resté là! Il a imposé aussitôt le respect

Dans la dernière, il raconte que   Béjart lui avait créé un ballet et que celui ci lui a un jour demandé si tel danseur pouvait le danser : " non, a dit Babilée, c'est mon ballet"!

Il danse exactement comme il est : avec la même ferveur, la même impétuosité avec laquelle il vit, la même intransigeance...

On peut trouver un magnifique documentaire à télécharger sur lui :


http://www.vodeo.tv/18-106-1771-Babil%C3%A9e-91.html?visu=1771

 

Il incarne pour moi la danse dans ce quelle a de plus instinctif, alors qu'il y a un énorme travail derrière.

Il disait encore : "je dansais, je dansais, au cours, je travaillais, je faisais les pas, mais cela n'allait pas...

et un  jour, tout à coup, tout m'a paru facile, j'ai eu l'impression de trouver mon envol, et le professeur m'a dit : " voilà tu y es..."

 ( à suivre!)

 

Jean Babilée est mort le 31 janvier 2014.

Partager cet article
Repost0