Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
  • Contact

contact

 
n'hésitez pas à me faire part de vos suggestions, de vos découvertes, ou de vos propres articles!

Rechercher

Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 17:18

Odissi_-_The_Dance_Divine_book_by_Ranjana_Gauhar.jpg

 

 

 

 

 

 

L’Odissi


 

Différents articles vont être rédigés à partir d’un ouvrage en anglais écrit par Ranjana Gauhar, danseuse et auteure de Odissi,  the divine dance, aux éditions niyogi books.

 

Grâce à ce livre, j’ai enfin pu comprendre l’histoire de ce style qui est intimement mêlé à l’histoire de l’Orissa. Cette région, comme l’Inde toute entière, a subi de très nombreuses et différentes influences religieuses ou philosophiques. Avant que l’Odissi ne  «  dégénère » puis disparaisse pour un temps avant de renaître au 20ème siècle, elle a été l’une des expressions artistiques de cette région les plus puissantes, comme en témoignent les très nombreuses sculptures des anciens  temples.

 

Introduction

 

Le Natya shastra,  ancien traité sanskrit sur les arts théâtrals et poétiques rédigé il y a plus de 2000 ans, décrit quatre styles de danse : avanti, dakshinatya, panchali, et odhramagadhi. Le style odhramagadhi est celui qu’on trouve dans les régions d’Odhra, Magadha, Pundra et Kalinga   ainsi que dans diverses autres régions de l’est Indien.  Odhra et Kalinga forment  aujourd’hui l’Orissa.

 

Dans ce traité, Bharata Muni écrit que le caractère de la danse de cette région est «  Kaishiki » et «  lasya » c'est-à-dire très féminine et  composé d’éléments délicats. Kaishiki a le pouvoir de créer le «  sringara rasa » c'est-à-dire  la saveur d’un sentiment  dévotionnel amoureux. Il ajoute que les danseuses de ce style sont belles  et  portent des vêtement colorés. La beauté est d’ailleurs la condition sine qua non pour devenir Mahari, c'est-à-dire danseuse de temple.

Peu à peu, c’est Jagannath qui va être au cœur de la danse Odissi ; c’est l’une des formes de Krishna, lui-même avatar de Vishnou. Cette influence va faire du style Odissi un style vraiment très différent des autres styles de danse indienne.

Seul, le style odissi mêle un esprit dévotionnel à une danse sensuelle ; il est aussi l’un des styles les plus lyriques. Il est considérée par certains comme le plus parfait.


 

 

La légende

 


 

Il y a très très longtemps, les Dieux et les Démons voulaient s’emparer de l’Amrita, nectar d’immortalité ;  - celle là même que le yogi cherche dans sa pratique pour avoir une chance de trouver la libération, Moexp_114.jpgksha –

 


Pour cela, ils décidèrent  de barater l’Océan où le nectar était caché. Ils prirent une montagne, Mandara, comme bâton, qu’ils placèrent sur le  dos de Akupara, la divine tortue ; pour tourner cette montagne, ils utilisèrent le serpent divin Vasuki  comme corde qu’ils attachèrent à la montagne.

 

 

Les Dieux tirèrent le serpent d’un côté et les démons de l’autre, si bien que l’océan commença à se soulever en de grosses vagues ;   l’Armita finit par paraître ainsi que bien d’autres merveilles : les apsaras. Elles étaient pleines de jeunesse et de grâce, et dansaient et chantaient à merveille. Elles inspiraient l’amour aussi bien au ciel que sur terre. Ces apsaras adoraient Kamadeva, le dieu de l’amour.

 

 

 

 

Par la suite, elles furent invitées à danser  à la cour d’Indra, en compagnie des Gandharvas, bardes musiciens et chanteurs.

Un jour, l’une des Apsaras nommée Urvasi qui dansait à la cour d’Indra, croisa le regard du fils d’Indra, Jayanta, et fut distraite de sa danse quelques instants. Le sage Agastya en fut si mécontent qu’il les maudit : Urvasi devrait renaître sur terre comme devadasi – danseuse de temple -  et Jayanta comme  bambou.  Les deux jeunes gens implorèrent le pardon du Sage qui accepta, devant tant de remords, d’adoucir sa sentence. Urvasi dédierait sa danse aux Dieux, avant toute représentation, en présentant un bâton coupé sur le bambou qu’était devenu Jayanta. Ainsi, la punition serait levée.

 

Urvasi naquit donc comme une devadasi et enseigna la danse aux femmes…

 

Voici donc comment la danse devadasi naquit   sur Terre d’après la mythologie.

 

 

Vous trouverez dans ce lien des illustrations de cette légende  ( Bnf, exposition miniature indienne)

 

 

 

 

Autres articles sur l'Odissi


 

Odissi quelques points de repère supplémentaires

 

Odissi, mon premier

 

Odissi,  danse sacrée 2

 



Partager cet article
Repost0
11 janvier 2014 6 11 /01 /janvier /2014 10:01

Shivagorkshababaji_1.jpg

 

Je profite de cet espace pour vous annoncer la création d'un site, Art et Yoga,  et d'un blog qui porte le même nom et qui vient compléter le site.

 

Pourquoi deux lieux séparés?

 

Pour des raisons pratiques : le site permet une jolie mise en page et une grande lisibilité, en quelques clics, on a accès aux informations essentielles sans perdre trop de temps,  mais il est à peu près impossible d'y écrire des articles au jour le jour, sans que ceux-ci, au bout d'un certain temps, ne disparaissent dans les profondeurs dudit site.

 

A l'inverse, le  blog  n'est pas lisible du tout et l'on s'y perd vite, mais il permet cette  précieuse rédaction au jour le jour, et un nombre infini d'articles qu'il est à présent possible d'indexer et de répertorier afin d'en faciliter la recherche. Les deux sont donc inséparables.

 

Ils proposent des cours de yoga par correspondance que j'élabore moi-même à partir de l'enseignement reçu pendant 7 ans. Enseignement extrêmement sérieux, car, outre un nombre impressionnant de techniques acquises à la " sueur de mon front", j'ai aussi eu la chance d'aborder les grands textes traditionnels du yoga et de plonger profondément dans la philosophie indienne en général, et plus précisément shivaïque qui sous tend ce yoga et qu'on retrouve aussi dans  la danse indienne classique Odissi. Ce n'est pas un hasard si ces deux formes d'expression du génie indien viennent du Nord Est de l'Inde et non du Sud où la tradition est toute autre!

 

 

Ces cours sont prévus pour s'adapter à tous,  débutant ou pratiquant déjà régulier, quelque soit l'âge, la condition physique et le temps dont on dispose. Les techniques proposées se déclinent en trois ou quatre propositions afin de pouvoir les aborder si l'on est complètement débutant, ou au contraire de les pratiquer plus en profondeur si on les connaît déjà. Ils permettent ainsi une progression.  Ils sont prévus pour durer environ deux mois - plus ou moins à la convenance de chacun - et incluent des " séances  types" pour savoir comment organiser sa pratique. Le but final étant de permettre à tous de construire sa pratique personnelle au fil du temps. 

 

Vous trouverez ici le contenu de la première série.

 

Une formation en yoga-nidra est également disponible, fidèle à celle reçue de C. Tikhomiroff. Elle se décline en 12 séries de cours, pour une durée de deux ans environs. Voici le  contenu de la première série.

 

Le coût de chaque série est de 80 euros, frais suivi-colissimo de 10 euros inclus.

 

Chaque série contient :

- Une trentaine de pages pour les cours et les textes.

- Deux CD audio pour être guidé

- Et un DVD de présentation des techniques.


 

Pour tout renseignement ou question, n'hésitez pas à me contacter!

 

 

IMG

 

27241_100413249996741_6306742_n.jpg

Partager cet article
Repost0
19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 07:40

arushi.jpgAuditorium du Musée Guimet le 20 octobre 2012

Arushi  Mudgal : danse Odissi

Sawani Mudgal, chant et nattuvangam

Srinivas Satapati, flûte

Pradipta Kumar Moharana, mardal



Arushi  Mudgal a proposé un récital où alternaient danse pure et danse narrative  (Abhinaya). Je pensais que 1h30 de danse sans décor, sans costume serait peut être long mais tout a été un pur délice. Cette danseuse,  virtuose, dotée d’un  sens théâtral totalement maîtrisé, est capable d’aborder toutes sortes de narrations ; à aucun moment, sa danse ne faiblit, même dans les pièces d’une très grande intensité, qui réclament des frappes de pieds d’une virtuosité hallucinante, ou des déplacements véloces qui exigent du danseur une très grande puissance et une maîtrise parfaite. Arushi a le buste, les bras et les mains totalement déliées ; sa danse respire naturellement; en vérité, c’est le fruit d’une travail long, exigeant, qu’elle mène sans relâche depuis sa toute petite enfance, puisqu’elle a commencé à la danse à 4 ans. Ainsi, Chouka et Tribangha se succèdent sans relâche, avec aisance, beauté, souplesse.

Arushi a dansé huit pièces, toutes  très différentes les unes des autres. Après Mangalacharam  au cours de laquelle la danseuse salue la terre, les dieux, le guru et l’assistance et demande à Ganesh  de «  lever tous les obstacles »,    Arushi  a incarné Shiva et sa puissance absolue, (Shiva tandaram strotam) ; elle s’est montrée autoritaire, terrifiante et superbe !  Puis elle a épousé  la douleur de la belle Radha, trahie par son amant  (Ashtapati). Dans Oriya Champu, elle est devenue une Gopi commère, pleine de verve et d'humour, mais bonne copine quand même,  qui met en garde Radha, amoureuse de Krishna : « tu vas te brûler les ailes, ma fille,  à vouloir aimer un Dieu ! Tu vises trop haut, il n’est pour aucune de nous !  Et ensuite, que feras-tu à part verser toutes les larmes de ton corps ? »  Son visage est expressif ; elle sait donner à son regard, à une inclination de la tête, à un mouvement de cou, à un menton pointé ou bien encore à un haussement de sourcil le sens exact qu’elle désire. Ainsi, sa théâtralité, ses qualités d’interprète  s’accordent à merveille avec la virtuosité de sa danse pure.

Dans Aalhad,  la danseuse  ajuste au millimètre près ses frappes de pied aux percussions, offrant un moment saisissant de perfection.  Arushi déploie ensuite toute  la délicatesse  raffinée dont elle est capable, comme dans Vasant, chorégraphié sur un poème en sanskrit du 6ème.  Enfin,  dans Kumara shambhava elle évoque  avec des mouvements de poignets et des mudras précis et délicats  le   printemps  et ses arbres en fleurs, les lotus épanouis, les parfums suaves,  les fleurs et les oiseaux multicolores et bavards, les abeilles et les amoureux… Shiva et Parvâti.  

Arushi a magnifiquement terminé son récital par une pièce mystique de pure beauté, qui évoque la terrible déesse Durga, (Bhairavi Pallavi) et la lumière s’est estompée sur une pause qui a rappelé la statuaire des temples de l’Orissa et l’origine de cette danse sacrée.

La  danse d'Arushi est pure poésie, pure maîtrise, pure virtuosité ; en outre, elle est d'une expressivité spectaculaire ce qui fait que  tout est très lisible, compréhensible, même pour un public qui ne serait pas du tout initié.Arushi-Mudgal-Odissi-Dancer.jpg

Preuve en est cet Ashtapati - poésie du 13 siècle, - évoquée plus où la gopi Radha, aimée de Krishna attend son retour au petit jour impatiemment ; elle se rend compte que l'amant a été infidèle : son corps porte même les traces de sa nuit d'amour. S'en suit une pièce bouleversante ou Radha,   jalouse et malheureuse, exprime toute sa douleur,   montre à Shiva comme  elle se sent offensée, et l'invite à aller séduire toutes les Gopi ( gardiennes des vaches) si cela l'amuse. Dans sa douleur, elle reste digne...

 

Le père d’Arushi, Padmashree Madhup Mudgal,  musicien et compositeur,   dirige une grande école de musique et de danse à New Dehli ; sa tante, Madhavi, élève  du grand Guru Kelucharan Mohapatra à qui j’ai déjà consacré un article, et qui a chorégraphié la plupart des pièces a été l’une des danseuses les plus réputées ; elle a formé Arushi et l’aide dans son travail chorégraphique.  Sa sœur chante. Elle n'a pas ces voix nasillardes féminines que je déteste; au contraire. Son chant est beau, spirituel,tout comme la flûte qui accompagnait la danse. La musique jouée " live" était un plaisir à elle seule. Il y avait une osmose remarquable entre tous les artistes...

Le résultat est spectaculaire car l’Odissi se trouve remanié par toute cette famille, - on pourrait dire «  modernisé » -  Ces pièces dansées, pour la plupart chorégraphiées par Kelucharan acquièrent une dimension scénique ; certains passages sont coupés, d’autres, transformés, d’autres accueillent davantage de virtuosité. L’exploitation de la scène elle-même est différente : la danseuse l'utilise dans toutes les directions. Les tempi de certains passages sont accélérés pour rendre plus éclatante la virtuosité… bref, difficile dans certaines pièces de reconnaître le travail de Kelucharan, plus sobre, plus intime, plus destiné à une salle plus qu’à une scène.

Et pourtant !!!! Et pourtant, rien n’est trahi, au contraire ! L’esprit de l’Odissi est bien là… si l’on est un peu sensible, Rasa arrive avec la dernière pièce… c’est réel et c’est profond. Chacun le ressent qu’il soit dans une quête mystique ou non. La spiritualité reste bien au cœur de l’Odissi, qui  n’est pas devenue un divertissement de scène pou Occidentaux en mal d’exotisme. Et c’est là que je salue ce travail exceptionnel : restituer l’âme de l’Odissi tout en l’adaptant aux exigences de la scène et à notre époque. Adapter sans trahir les fondements même de l’Odissi, dont la vocation première est d’élever l’âme du spectateur.

Ce  qui me ramène à un article précédent où je m’inquiétais de l’avenir du ballet. Noureev n’est plus là pour donner son souffle, écrivais-je, et les ballets perdent peu à peu leur âme. Mais il suffira qu’un nouveau Noureev naisse pour que le ballet classique retrouve non seulement son éclat, mais surtout, sa raison d’être.

 

Vous trouverez sur Youtube presque toutes les videos que je cite; mais rien ne vaut le direct! impossible de retrouver les énergies du récital via une video...

 

madhavi-mudgal-and-arushi-mudgal-city-center.gif   Arushi et sa tante Madhavi

Partager cet article
Repost0
5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 08:37

guru-kelu.jpgQui mieux que Kelucharan Mohopatra – beau père de la sublime Sujata Mohapatra – peut parler de l’Odissi ?

Il est l’un de ceux qui ont lutté pour permettre à l’Odissi de renaître en Inde – alors que la domination anglaise avait éradiqué toute forme de danse jugée impudique. Ce danseur et guru est mort en 2004 après avoir  largement contribué à restaurer l’Odissi dès les années 1950. Peut-être que beaucoup de choses furent perdues, mais pas l’esprit de cette danse sacrée.

Kelucharan s’est appuyé sur les textes théoriques et sur les innombrables sculptures des temples de l’Inde du Nord et du Nord-est pour «  recréer » la danse Odissi.

Sans doute les chorégraphies qui se transmettent aujourd’hui de maître à élève et qui ont toutes ou presque été créées par lui,  n’ont-elles pas grand-chose à voir avec celles qui se dansaient il y a deux milles ans dans les temples. Sans doute la musique a-t-elle elle aussi beaucoup changé.

Mais l’esprit fondamentalement reste le même parce que la philosophie indienne s’appuie sur des choses qui sujata.jpgdemeurent les mêmes depuis plusieurs millénaires

Même si d’une école philosophique à l’autre il y a quelques différences, quelques nuances, le propos reste celui-là : tous les individus ne sont qu’un seul et même être relié à une conscience unique. Le sentiment du « Je » Ahamkaram, seul, donne l’impression d’être un individu séparé des autres, mais il n’en est rien.

 

A la lueur de cette explication, la déclaration de Kelucharan s’éclaire d’elle-même.  « The real dance must convey the feeling of undivided existence, that a spectator can feel that he is not different from the thing observed"

La vraie danse doit donner le sentiment de l’existence indivisée,  que ce que le spectateur peut sentir n’est pas différent de ce qu’il regarde.

 

madhavi.jpgAinsi, pour Kelucharan, le danseur permet au spectateur de se « souvenir » de son origine divine commune et de la vivre pendant la prestation du danseur.

On n’est donc plus dans un art de divertissement, mais dans une forme de prière dansée, ce qu’affirme Kelucharan :

 

« Odissi is not a mere dance form to entertain people but to inspire and elevate. I don't actually dance but pray in compassion and the spectators say that this `form' is dancing”

 

L’Odissi n’est pas une forme de danse pour divertir les gens mais pour les inspirer et les élever. Je ne danse pas mais je prie dans la compassion et les spectateurs disent que cette forme est de la danse

 

 

 

Les deux chorégraphies que j’ai étudiées – Mangalacharam et Battu m’ont permis de me familiariser avec la technique de la danse pure, et d’aborder un peu l’abhinaya ou «  mime » qui doit conduire le spectateur au rasa. C’est très difficile, le mime, car il faut naturellement faire quelque chose que l’on fait dans la vie  en y mettant la forme juste et l’émotion juste, sans surjouer…

 

Mon professeur a été formée par Magdhavi Mugdal, elle-même disciple de Kelucharan Mohapatra. Le style est pur, très simple et très beau. Et très difficile ! Tout est codifié, tout a une place précise : les doigts, les coudes, le menton, … tout l’art réside dans le fait de rendre cela «  naturel » et simple. Sans fioriture, ni chichi. Parviendrai-je un jour à y arriver vraiment ?

 

 

 

  

Partager cet article
Repost0
27 juin 2010 7 27 /06 /juin /2010 10:33

 

 

Voilà donc trois mois que j’ai commencé les cours d’Odissi ; et plus je comprends le sens des mouvements, plus je suis en «  amour » de cette danse.

J’aborde la toute première pièce du répertoire qui s’appelle Mangalacharan   et qui est une prière au Dieu Jagannath, à la Terre, à son guru, et au Ciel.

 

Jagan-natha signifie « seigneur de l’univers » ; c’est l’un des avatars de Vishnu, qui est le dieu tutélaire de l’Orissa

En fait, c’est l’une des manifestations de l’énergie de l’univers : Brahmâ crée, Vishnu met en place, et Shiva détruit… le tout en dansant

Cette triade indienne explique simplement mais d’une façon compréhensible par tous que l’univers a été créé « un jour »,   est actuellement en « existence  et création » et reviendra tôt ou tard à sa forme première

On retrouve cette philosophie de façon complète dans le yoga à travers la notion de   bindu,  point qui peut se contracter à l’infini ou « s’expandre » à l’infinijaganat2.jpg

 

Mais revenons à l’Odissi :

Cette prière permet de se « relier » à l’univers, à la Terre, au guru, aux Dieux ; on invoque Ganesh qui retire tous les obstacles, on honore l’assemblée s’il y en a une.

 

La notion de Guru est parfois mal comprise en Occident ; ce nom sanskrit signifie à l’origine «  celui qui dissipe les ténèbres »  ( Gu-ténèbres/ Ru – lumière)

 

Ce qu’ont en fait tant les Indiens (avec les Ashrams) que les Occidents  au XXème siècle, avec l’apparition d’Ashram plus ou moins «  folkloriques » est une déviation du sens premier

Dans la forme de yoga que je pratique, le «  guru » est un passeur ; autrefois, il y a bien longtemps, dans l’Inde du Nord, avant l’arrivée des Aryens et de leurs castes,  il n’y avait ni disciple (chela) ni guru, ni ashram, mais des passeurs de connaissances qui transmettaient leur savoir à qui les demandaient ; cette transmission se faisait de « guru » à individu, sans notion aucun de «  collectivité » ; en remerciement, le «  chela » pouvait aider le «  guru » ou échanger sous forme de troc ce qu’il avait à donner ; il n’y avait aucun impératif de  « service », de «  chela corvéable à merci »  le mot aujourd’hui sous-entend bien des choses que ne contient pas ce mot sanskrit

 

 

La première pièce s’appelle donc Maganlacharam

 

Elle débute par une marche, les mains en corolle portant l’offrande de fleurs

Dès la marche, le corps ondule, son poids passe d’un pied sur l’autre en Tribangha. Le déhanché se marque tantôt  à droite ou à gauche, tandis que le buste va dans le sens opposé et que la tête suit le mouvement. Cette marche est suivie d’une frappe de pied, puis commence la salutation elle-même.

 

Les mains utilisent plusieurs mudra pendant cette salutation : tripataka, anjali, chaturrah, etc…

 

Outre le travail de cette première pièce qui permet de s’imprégner de l’esprit de la danse Odissi, je continue à apprendre mes exercices ; d’ici le prochain cours, je devrais avoir fini l’apprentissage de base qui restera, comme pour les gammes, le travail à répéter quotidiennement si possible

 

 

Voici une video; la chorégraphie est dansée ici par Sujata Mohapatra  :  http://www.youtube.com/watch?v=1wX5yHh6DHc

 

Je me repasse en boucle cette video... ! 

 

 valbeck, 27 juin 2010

Partager cet article
Repost0
28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 19:55

A-snap-of-odissi-dance.JPG  Voilà, c'est fait, j'ai pris mon premier cours particulier d'odissi avec une jeune danseuse ( française) que je trouve extrêmement talentueuse
 Quand elle eut compris que je voulais VRAIMENT apprendre, même s'il fallait mettre le temps ( dix ans ne me font pas peur!!!) elle a été ravie
J'ai donc appris aujourd'hui le BA ba
car je ne veux pas apprendre du décoratif, ou de l'Odissi prêt à consommer! non!!!

Pour commencer, cette danse de l'Inde du Nord est a été victime de la même  malveillance anglaise qui l'a interdite,  tout comme le baratha natyam : les Anglais assimilaient les danseuses à des prostituées; ils interdirent donc la danse trouvée trop sensuelle pendant plus d'un siècle et demi jusqu'à ce qu'en 1950 un mouvement nationaliste s'empare de la danse pour en faire un acte de résistance et de revendication nationale

la danse odissi a elle aussi été reconstituée entièrement d'après les scultpures des temples ( comme celui de Chiddambaram) ( tout comme le baratha qui l'a été à partir de traites écrits et de scultpures)
Ce lieu est considéré comme un point important de la planète "ou tout danse et tout est danse"
Nandikeçavara, grand sage indien a écrit " la bouche émet le chant, la danse en esquisse le sens, le regard 'lanime de sentiments, les pieds en marquent la mesure.
La où vont les mains va le regard, la où se trouve le regard se fixe l'esprit, là où il y a l'esprit, s'installent les sentiments, là où règnent les sentiments jaillit le rasa"

Le rasa, grande notion indienne qui est la saveur mais d'ordre divin, c'est aussi le but ultime de la danse classique indienne dont la
sion spirituelle ne peut être dissociée ni du corps ni de l'esthétique que celui ci crée
Comme pour le yoga que je pratique, le corps est L'outil qui permet d'accéder à des dimensions autres...

mais avant cela, il faut apprendre!!!!

Pour commencer, deux positions de base : le tribhangha ( photo ci dessous) et le ChoukaTribangha.JPG
Le tribangha demande un plié profond,  digne de la danse classique ; l'autre pied repose sur la demi pointe à partir d'une " quatrième", puis on décale le buste du côté de la jambe pliée,  à partir de la taille, et la tête elle aussi se décale à partir du cou; trois points de décalage
une main repose sur la taille, poignet cassé, l'autre sur la cuisse

ça a l'air simple, mais pour arriver à la fois à la stabilité et à la douceur toute féminine de cette pose....


la deuxième posture est un Chouka, les pieds sont ouverts de la largeur d'une seconde de danse classique, et les cuisses sont très très pliées, les pieds complètement ouverts, puis les avant  bras se plient au niveau des coudes, les bras, eux étant dans le prolongement des épaules qui sont très détendues

chouka.JPGla posture est virile, pleine de force!

a partir de ces deux postures de base découlent toute la danse indienne

Aujourd'hui je n'ai travaillé que cela sur des rythmes scandées vocalement par mon professeur  ( rythme en quatre temps)
j'ai appris à plier, a frapper les pieds sans décaler le bassin, a passer d'une posture à une autre dans décaler les épaules, bref... et à sauter sans changer le niveau de mon corps...

cela demande une concentration de toute épreuve

et puis quelques mudras de base ( il y en a 28; soit faite à une seule main ( la demi lune, le lotus, le serpent, le guetteur, etc, soit à deux mains : le poisson, la tortue, etc)
cela demande une isolation de chaque doigt pour passer d'un mudra à l'autre!!!

comme le baratha, l'Odissi peut e^tre purement technique, ou narratif, ou les deux à la fois
pour l'odissi, la narration tourne beaucoup autour du Dieu Krisha, et du printemps

mais avant tout, on offre une prière à ganesh

tout comme pour mes cours de sanskrit, ou on commençe aussi par une prière à ganesh

Ganesh est le Dieu qui retire tous les obstacles, qui aide à l'étude, qui donne la stabilité... il est aimé dans toute l'inde

j'adore ces cours d'odissi et pourtant , je vais autant " souffrir" que lorsque j'ai commencé le piano classique; avant de jouer le repertoire, que d'exercices, encore et encore, des heures et des années, l'une après l'autre... aujourd'hui, je joue ce que je veux, mais cela m'a pris... 15 ans....

en faisant du natha yoga, du sanskrit et de l'odissi, j'ai l'impression de renouer avec l'essence même de mon être...

j'ai ressenti tellement d'émotion et de vibrations pendant ce premier cours!!! comme si tout à coup, je me disais " oui, c'est cela que je cherche!"

je vais travailler dur car je veux d'ici quelques mois aborder le début du répertoire

il faut un an pour assimiler les postures et être à l'aise dedans!!! mais la patience est une de mes grandes qualités, ainsi que la ténacité... et puis ganesh m'aidera!!!



Val: 28 mars 2010

Partager cet article
Repost0
1 novembre 2007 4 01 /11 /novembre /2007 10:46

Danses  et yoga ? 


Il est assez fréquent actuellement de voir que  les danseuses Tribal, les danseurs classiques, certains sportifs - sans parler des actrices et autre people, intègrent le yoga dans leur pratique quotidienne ; Mais qu’est ce que le yoga ? D’où vient-il ? A quoi sert-il ? Comment et où le pratiquer ? Il faut tout d’abord savoir qu’aujourd’hui, il n’y a pas un yoga mais des yogas… il est difficile parfois de s’y retrouver. Et ce phénomène n’est pas propre qu’à l’Occident, puisque plusieurs formes de yoga coexistent aussi en Inde, avec des différences philosophiques énormes malgré l’utilisation d’un vocabulaire semblable. 

Origine et shivaïsme : 

le natha-yoga L’histoire et l’origine du yoga se confondent avec celle de l’Inde, et ce bien avant l’arrivée des Aryens (1500 ans avant JC) Le Shivaïsme est une philosophie, bien plus qu’une religion, antérieure à tous ce que les Aryens amèneront ensuite avec eux : vedas, lois de Manus, etc… Le Shivaïsme, qui remonte à au moins 6 ou 7OOO ans avant JC, ne connaît pas les castes, pas plus qu’il ne reconnaît la supériorité de l’homme sur la femme. Il pense au contraire que l’être humain est androgyne sur le plan de l’énergie. Le shivaïsme se sert du yoga pour éveiller cette énergie, celle de la mythique kundalini.
 
Le raja yoga de Pentajali
 

L’arrivée des Aryens va changer bien des choses… ils arrivent avec leurs castes, leurs vedas… Tout ceci est en contradiction avec le shivaïsme qui lui est libertaire. Cependant, ils reprennent bien des techniques de yoga, mais dans son aspect ascétique, pour se libérer du monde et de son illusion. Il ne s’agit donc plus de se servir de son corps pour faire l’expérience de la réalité du monde, mais de s’en affranchir par des techniques de jeûne, d’abstinence, de prière, cet engagement exigeant de la part du renonçant quinze heures de pratique quotidienne ; pas question donc de mener une vie « normale »… cette branche de yoga très ascétique existe aujourd’hui encore, mais s’adresse à des « renonçants » Aussi, Pentajali est bien embarassé entre les contradictions qui opposent la pensée vishnouïste de la philosophie shivaïste Il va essayer de trouver un compromis : d’où la forme de yoga intermédiaire qui reprend les notions de moralité, d’ascèse des vishnouites, et les techniques de concentrations, de respirations, etc du shivaïsme. Il essaie de concilier l’inconciliable… 


Quel yoga aujourd’hui ? 


Aujourd’hui, c’est essentiellement cette forme de yoga qui est enseignée de part le monde, 
plus ou moins adapté... enf ocntion des cours, l'accent est plus ou moins mis sur l'ascèse ( car les pratiquants du raja yoga sont végétariens et pronent l'abstinence sexuelle)

Parfois l'enseignement du yoga est  purement et simplement réduit à sa plus stricte expression : le yoga streching qui ne garde que les postures, vidées de toute substance, de toute pensée : il devient pure gymnastique… 

Il existe même une nouvelle sorte de " yoga" qui  enchaine    les postures en un temps record, transformant ces techniques de concentration intense en séance d’aérobic… Où est l’esprit du yoga dans tout cela ? 

Le Yoga de Rachel Brice se rattache au raja yoga de Pentajali ; en stage, Rachel ne conserve malheureusement que l’aspect "gymnastique" du yoga, tout comme sur son dvd… mais je la soupçonne de pratiquer autrement pour elle-même… 
Comme elle, beaucoup de danseuses ne gardent que les "postures" du yoga, sans leur ajouter les techniques de respiration et de concentration qui leur donne leur sens. Elles ne s’adressent plus qu’au corps physique, niant ainsi le corps énergétique et mental qui sont obligatoirement pris en compte par le véritable yoga. 
Les danseuses de tribal utilisent donc souvent le yoga pour la souplesse, pour le renforcement musculaire. D'ailleurs, c'est une idée fausse de croire que le yoga vise à l'hyper-souplesse... ce n'est nullement le but recherché...
 Celles qui pratiquent le yoga de Pentajali ont encore une approche spirituelle du yoga, mais dans sa version plus ascétique que celles qui s’orientent vers celui du mythique Matsyendra, l’un des premiers natha-yogin. 

Le yoga que je pratique personnellement, se rattache à la branche du shivaïsme et au tantrisme, qui n’est pas, comme le croit si souvent les Occidentaux, une pratique sexuelle débridée en collectivité, mais un travail personnel et quotidien, rigoureux, sur ses propres énergies, son propre divin et sacré : c'est un yoga pour unir notre polarité lunaire et solaire et arrivée à la fusion intérieure. 

Que trouve t’on dans un bon cours de yoga ? 


Un travail sur les chakras, et sur le corps énergétique. On parlera aussi des canaux ou nadi, et de l’axe : la sushumna. Par les posture où « asanas » l’énergie est mise sous tension puis transformée via l’alchimie du souffle :le pranayama joue un rôle fondamental, puisqu’il doit s’éveiller autrement. Les postures s’accompagnent de technique oculaire ( drhistis), de mantras associés aux différents chakras, de mudras ( gestes des mains)… et de bandhas ( contraction de la base, de la gorge, du ventre) Seules, deux ou trois postures sont pratiquées pendant la séance, mais chacune sur une durée d’au moins sept à 10 minutes, voir beaucoup plus pour une pratique approfondie Puis suivent un mudra, une technique de respiration, et une concentration ou méditation… 

Quel est son but fondamental ? 

Les postures visent à une chose : mettre l’énergie sous tension, la purifier, pour libérer les tensions dans le corps physique, énergétique et mental, qui tous trois sont liés. Le pranayama, le souffle a un rôle capital dans ces postures et on doit apprendre à l’éveiller et le maîtriser. Les répercussions sur le corps, le mental sont bien sûres bienfaisantes : humeur plus légère, meilleure santé, patience et force sont développées, lâcher prise, concentration… Quand on pratique personnellement avec une visée plus spirituelle, certaines techniques sont pratiquées sur un gathika, c'est-à-dire une durée de vingt cinq minutes environs…temps nécessaire pour que l’énergie tourne vraiment. Ceux qui s’engagent dans une quête absolue peuvent maintenir une posture plusieurs heures d’affilée… 


Yoga, danse et chamanisme… 

En comparant l'origine de la danse et shivaïsme, on peut établir une parenté entre la  danse, son symbolisme, et le yoga des Tantra. Par exemple,  toute l’énergie de la danse orientale part du ventre : au ventre est associé le chakra du feu, manipura, « joyau dans la cité » haut lieu de « vie » dans le yoga Le fait que les figures, les huit et autres tournent autour de ce point mettent forcément en résonnance ce centre 
D’autres part, beaucoup de figures qui portent des noms d’animaux ou qui font allusion à la Nature dont la danse s’inspire, rappellent les postures nées de l’observation des animaux chez les natha yogin : crocodiles, cobra, chameau, le yoga à son bestiaire Et ce n’est nullement un délire visuel, mais une observation très rigoureuse de l’animal, et de l’énergie qui lui est associée, et que les chamans, aujourd’hui encore savent utiliser 
Ainsi, en prenant la posture d’un cobra ou d’un lion, le pratiquant devient lui-même sur le plan de l’énergie ce cobra ou ce lion, et développera les qualités qui lui sont associées 

La danse "orientale", en reproduisant le pas du chameau, ou le frémissement du serpent à sonnette, ou le tremblement de la terre, ou l’élément aquatique « maya » s’approprie elle aussi ces qualités, même si cela n’est dit nulle part Cette danse qui plonge très loin ses racines a probablement due à une époque s’approprier l’énergie des éléments ou animaux qu’elle imitait C’est sans doute pour cela que certains parlent de « danse sacrée » En l’absence de texte et de témoignage c’est impossible à affirmer 
Mais les natha yogin ont toujours trasmis leur pratique secrètement, de maitre à disciple, sans écrit. Lorsqu’il y eut des écrits, ceux-ci furent rendus obscurs pour ne pas permettre aux non initiés de s’approprier les techniques. Rien n’interdit de penser que dans la danse « pré-orientale » s’est transmise aussi autour de l’idée de l’éveil de l’énergie. Je ne parle bien sûr pas du raqs sharqi ni même du baladi tels qu’ils sont connus aujourd’hui, mais des sources lointaines qui ont donné naissance à ces styles, métissés de toutes sortes d’influences…
 

Pourquoi cet engouement aujourd’hui ? 


Bref, aujourd’hui, l’être humain a perdu sans doute conscience de ce qui le liait à l’univers tout entier : plus il l’investit, plus il se coupe de lui sur le plan de l’énergie Je soupçonne malgré tout l’engouement pour le yoga de recouvrir une vérité profonde dont les adeptes n’ont peut être pas une conscience immédiate : de les remettre au centre d’eux même, de les relier à la part la plus authentique d’elles mêmes.

Partager cet article
Repost0