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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

9 novembre 2013 6 09 /11 /novembre /2013 09:23

C’est aujourd’hui le concours de promotion des filles  à l’opéra de Paris.  Les participantes vont concourir pour accèder au grade supérieur. Elles sont libres de passer ou non le concours ; certaines savent qu'elles ont toutes leur chance, d'autres, qui au fil du temps comprennent qu'elles risquent de rester jusqu'à leur retraite dans le même corps,  le font pour montrer qu’elles sont motivées, « qu’elles y croient ». En général, il y a de une à trois places par catégories : ainsi les sujets concourent pour être première danseuses, les coryphées pour devenir sujet et ainsi de suite. Elles danseront une variation imposée et une variation qu'elles choisissent. Elles se préparent souvent seule avec une vidéo, et ont parfois la chance de pouvoir travailler une heure ou deux avec une Etoile qui les regarde et les conseille.
A partir de la catégorie sujet, la danseuse est considérée comme demi-soliste, et peut donc se voir confier des rôles jusqu’à celui d’étoile.
Je ne viens pas ici faire de pronostic mais simplement parler des danseuses que j'aime, que j'ai plaisir à retrouver sur scène année après année. 

Les sujets


Amandine Albisson-Pivat, Caroline Bance, Aurélia Bellet, Marie-Solène Boulet, Héloïse Bourdon, Lucie Clément, Sarah Kora Dayanova, Marine Ganio, Eléonore Guérineau, Charline Giezendanner, Christelle Granier, Laura Hecquet, Myriam Kamionka, Miteki Kudo, Laurence Laffon, Sabrina Mallem, Caroline Robert, Silvia Saint-Martin, Pauline Verdusen, Séverine Westermann,

 

dv-blcop-coppelia-coppelia2-150dpirgb.jpgMalheureusement Charline   a peu de chance de devenir première danseuse,  parce qu’elle est entrée dans le corps de ballet  il y a longtemps déjà et qu’en principe, on nomme une étoile potentiel dans le corps des premières danseuses, ce qui ne peut plus être son cas. C’est pourtant  l’une des ballerines les plus musicales et vivantes en scène que je connaisse. A chaque fois que j’ai eu l’occasion de la voir, elle a montré ce petit supplément d’âme que j’aime tant voir chez une danseuse. 

Il me semble que Marine Ganio ne concoure pas cette année, mais même commentaire ; une danseuse généreuse, lumineuse et expressive, à la danse ciselée, précise.

 

Je n’ai pas eu l’occasion de voir Caroline Robert dans du classique, mais quel tempérament ! Elle irradie sur scène, elle a un charisme extraordinaire, un sens théâtral inné, beaucoup de vivacité.

Quand à Laura Hecquet, j’aime son lyrisme, sa tenue, sa pureté, sa ligne… vraiment une belle danseuse, attachante, avec de grandes qualités de danse, plus à l’aise cependant dans le classique.  Je l’ai particulièrement aimée l’an passé dans la danseuse de rue de Don Quichotte.  Elle ne deviendra probablement pas non plus première danseuse.


Les grandes favorites sont Bourdon, que je n’apprécie pour l’instant pas et surtout Albisson, mise en avant ces derniers temps et que je vais peut être redécouvrir dans la Belle au bois dormant cette année

Je n’aime pas leur tempérament artistique, ni leur danse que je trouve encore scolaire, voir étriquée, manquant cruellement de musicalité. Heureusement, mon jugement n’est jamais arrêté une fois pour toute ; les danseuses évoluent, leur artistique mûrit et surtout au fil des rôles, certaines personnalités éclosent….


Il est parfois surprenant de voir une danseuse acquérir une maturité artistique qui lui faisait défaut auparavant,  comme ce fut le cas pour Laetitia Pujol, comme c’est en train de devenir le cas pour Pagliero. Cependant, ces deux danseuses étaient des techniciennes hors pair, ce qui n’est pas le cas des    favorites. 


Pour compléter, je dirai que j’ai souvent eu l’occasion d’ apprécié Séverine  Westermann  et aussi Laurence Laffon  ces dix dernières années que je retrouve toujours avec bonheur sur scène.

 

Je ne comprends pas pourquoi Miteki Kudo figure encore sur les listes alors qu'elle est partie à la retraite il y a un an ou deux déjà...

 


Coryphées

Laure-Adélaïde Boucaud, Marion Barbeau, Alexandra Cardinale, Sae Eun Park, Letizia Galloni, Juliette Gernez, Daphné Gestin, Fanny Gorse, Emilie Hasboun, Juliette Hilaire, Amélie Lamoureux, Vanessa Legassy, Laurène Levy, Juliane Mathis, Céline Palacio, Aubane Philbert, Charlotte Ranson, Ghyslaine Reichert, Lydie Vareilhes, Karine Villagrassa

 

De belles danseuses aussi dans cette catégorie : de belles personnalités artistiques que je vois sur scène pour certaines depuis plus de 15 ans. De celles mises en gras, deux sont particulières. L’une parce qu’elle part plus ou moins favorite ( Marion Barbeau) , - mais je l’ai peu vue sauf une fois où elle irradiait littéralement la scène -  l’autre ( Sae Eun Park) parce que c’est un jeune prodige à la technique virtuose.  Certaines qui savent qu'elles n'ont aucune chance montreront peut être encore leur motivation en passant le concours une fois encore. Jamais beaucoup la personnalité de Juliette Gernez par exemple, qui a été éloignée lontemps de l'opéra de Paris pour blessure, je crois et qui a présent n'est plus en " course" pour la catégorie sujet.

 


Quadrilles


Anémone Arnaud, Laura Bachman, Léonore Baulac, Alice Catonnet, Julia Cogan, Emma D'Humieres, Leila Dilhac, Noëmie Djiniadhis, Peggy Dursort, Lucie Fenwick, Miho Fujii, Claire Gandolfi, Natacha Gilles, Amélie Joannides, Julie Martel, Lucie Mateci, Sophie Mayoux, Caroline Osmont, Sofia Parcen, Christine Peltzer, Marie-Isabelle Peracchi, Ninon Raux, Maud Rivière, Gwenaëlle Vauthier, Jennifer Visocchi

 

Je ne connais dans cette classe que Léonore Baulac que l’on a pu suivre l’an passé grâce à l’émission de télévision la Danse à tout prix, Miho Fujii qui est depuis longtemps dans cette classe, (ainsi que d’autres danseuses )  J’ai souvent lu le nom des autres sur le programme mais ne vais plus assez souvent à l’opéra pour bien les connaître.

 

Comment garder l’envie quand vous arrivez à 16 ans dans ce corps de ballet, que vous y restez année après année, et que des danseuses plus talentueuses que vous arrivent, ne restent qu’un an ou deux puis grimpent ? Et comment aussi restez heureuse de danser quand les années passent, que l’âge arrive, et que de toutes jeunes recrues viennent rejoindre vos rangs ?

Que vous répétez  toujours les mêmes rôles de corps de ballet ?

Si l’amour de la danse n’est pas fortement chevillé au corps, de passion elle devient un métier. Au fond, c’est un peu le risque pour tous les métiers…. Sauf que pour celui-ci, la mise en compétition est permanente….

Parfois un chorégraphe contemporain repère telle ou telle et le temps d’une chorégraphie, d’une création, ce qui doit redonner un peu d’air frais à ces artistes.

Sans doute certaines danseuses gardent elles l’amour de la danse chevillée au corps toute leur vie, quelque soit leur grade, d’autres peut être, voient naître en leur for intérieur une amertume, une déception….

 

Les résultats seront connus en fin de journée!

 

A noter que le nouveau directeur de la danse, Benjamin Millepied, assiste au concours cette année.

 

 


 

le 10 novembre :

 

Et bien voilà : le verdict est tombé : sont nommées les danseuses en rouge dans la liste ci dessus, donc pas de surprise  à savoir Albisson qui devient première danseuse et que je verrai dans la Belle au mois de décembre

A noter que Laura Hecquet est classée deuxième ce qui me fait vraiment plaisir car c'est vraiment une belle danseuse!

Giezendanner est classée 4ème devant Hélöise Bourdon qui doit être extrêmement déçue car classée seconde l'an passé; elle devait espérer fortement.

 

Pour les sujets, nomination attendue de Sae Eun Park, technicienne de haut vol

pas d'autres classées, pour la plus grande tristesse des autres danseuses

 

 

et la rayonnante et adorable Léonore Baulac devient donc  Coryphée; sa ténacité a payé.

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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 14:41

 

 

 

 

 

 

Marguerite : Isabelle Ciaravola

Armand : Kar Paquette

Le père : André Klemm

 

Prudence : Nolwen Daniel

Manon Lescaut : Myriam Ould Braham

 

Des Grieux : Fabien Revillon

 

Olympia : Eve Grinsztajn

Gaston Rieux : C Duquenne

 

 

marie-duplessis-by-c3a9douard-vic3a9not.jpgIl y a deux ans et demi, j’avais voulu voir Isabelle Ciaravola dans la Dame aux Camélias ; la belle s’étant blessée, j’avais assisté à une représentation qui m’avait déçue et pire, ennuyée, car la remplaçante – faute de répétition ? – ne s’était vraiment pas montrée à la hauteur.

J’étais ressortie du théâtre en me demandant si c’était le ballet qui était raté, ou bien l’interprétation qui n’allait pas. Toujours est-il que j’avais passé l’une de mes pires soirées à l’opéra.

 

Remis à l’affiche cette année, j’étais bien décidée à ne pas y aller ;  il ne me restait de l'oeuvre  que des longueurs, du bavardage, de l’ennui… seulement, voilà, une petite voix me répétait sans cesse : « va voir Isabelle, va voir Isabelle ». Je connaissais déjà l’Armand de Karl Paquette, ou plutôt  « je croyais connaître l’Armand de Karl Paquette » car aux côtés d’Isabelle, je découvris le 29 septembre un tout autre Armand.

 

Ecrire d’Isabelle qu’elle insuffle à sa courtisane une profondeur extraordinaire ne suffira pas à rendre justice à son talent, à sa poésie, à sa passion et à ce sentiment de solitude qui pèse sur elle tout au long du ballet. Cette artiste sensible  enrichit de mille nuances et contradictions sa Marguerite qui acquiert ainsi une humanité universelle. Pour cela, elle utilise tout son corps comme un musicien le ferait de son instrument, le faisant chanter, parler, modulant les accents, les intonations, et toujours avec peu de choses : un poignet, un mouvement de la tête, du pied, du bras, du buste, du regard. Tout s’exprime chez cette ballerine, mais si naturellement qu’on a sous les yeux un personnage de théâtre ; on oublierait presque qu’elle danse, tant elle met son âme à nue. À ses cotés, Karl Paquette a atteint des sommets de poésie, de désir, de passion, de candeur, d’éloquence, de colère… seuls ou en « pas de deux » les deux artistes ont offert une partition nuancée, pleine d'ardeur et générosité.

C'est sans doute la magie de ce couple, transmise à tout le plateau,  qui a créé cette osmose entre tous les danseurs. Tous les seconds rôles, sans exception, ont pris leur place, pour renforcer la dramaturgie. Un travail « d’équipe » de haut vol, comme on en voit rarement à l’opéra ces dernières années.

 

Mais commençons par le début!

 

Neumeier aime la mélancolie, le souvenir, thèmes qui reviennent chez lui. Réminiscence, passé, nostalgie et douleur hantent souvent ses ballets.

 

Cette Dame aux camélias, qui, en quelques années passe de reine de Paris à courtisane déchue, abandonnée de tous, et meurt solitaire, était faite pour lui. En s’intéressant à ce sujet, Neumeier découvre que le jeune Dumas, fou amoureux de Marie Duplessis, qui lui inspirera roman et pièce de théâtre, était un ardent lecteur de Manon Lescaut. Après un court moment de passion, l’écrivain renonce à sa Marie, trop coûteuse pour lui : il s’est endetté au-delà de ce qui lui est permis. Il s’éloigne d'elle, non sans souffrance ;  lorsqu’il reviendra à Paris, il y apprendra la mort de la courtisane, à 23 ans. Bouleversé, il s’enfermera pour écrire son roman. Qui sera, un an plus, un opéra sous la plume de Verdi.

 

Neumeier a son fil : il mettra face à face les deux couples – Manon/ Des Grieux et Marguerite/ Armand, le premier montrant comme en un miroir le destin du second. Il fera cohabiter un espace 18ème siècle, celui de Louis XV et ses plaisirs licencieux avec le 19ème et sa morale bourgeoise. Ce n’est pas un hasard si le père d’Armand est tout engoncé dans ses vêtements noirs, avec un chapeau haut de forme qui fait de lui un homme « tout en longueur ». Ce rôle n’est pas dansé, mais n’en est pas moins le rouage essentiel du drame qui se jouera. Car il représente la morale bourgeoise, sévère, des messieurs en habit noir qui s’encanaillent la nuit, mais montrent un visage moralisateur le jour.

 

Pour la musique, le chorégraphe jette son dévolu sur Chopin, compositeur romantique, qui tout comme Marie Duplessis est tuberculeux, vivra vite, seul au milieu des autres de par son exil forcé  et confiera quotidiennement sa vie à son piano, comme à un journal intime. Justement, Marguerite tient le sien  qu’elle léguera à Armand  après sa mort.

Le ballet commence  par la fin : on vend les derniers effets de Marguerite, une robe, un tapis, un divan, un portrait…

Armand et son père sont là ; ils retournent dans le passé, et se souviennent, ils racontent…

 

Commence alors le long et magnifique concerto pour piano n° 2 de Chopin, qui va servir de fil narratif pour évoquer la rencontre de Marguerite et Armand  et accompagner tout l’acte 1

 

Précisément, tous deux assistent à une représentation de Manon Lescaut. Marguerite s’amuse, elle taquine Armand, qui est gauche, maladroit ; mais elle se trouble aussi. Dès l’apparition de Manon, son masque tombe. « Seule au milieu des autres », telle semble être Marguerite. Parée de satin mauve, Ciaravola superbe, souriante, mutine, montre tout à coup un autre visage ; celui de la solitude. Cette femme porte un regard sur son propre destin et lorsqu’elle réalise ce qu’est sa vie, la tristesse la gagne.

 

Dans ce premier acte, M O Braham et F Révillon composent un couple très Louis XV : frivole, amoureux des plaisirs, complices.

Neumeier mêle deux styles tout en employant les mêmes pas.

 

Tout au long de l'oeuvre, M O Braham fera exister un personnage « fantomatique » qui intervient peu, et seulement comme une marque du destin, avec une redondance qui pourrait lasser. Mais à chaque apparition, la ballerine montre une nouvelle facette de Manon, et  on suit donc son histoire, fascinée.

Elle a donné tant de ferveur à sa Manon qu’il est impossible de l’oublier. D’acte en acte, la frivolité s’effrite, les plaisirs s’éventent, la fraîcheur s’en va. L’œil devient las, le pied moins mutin, une pesanteur parcourt ses membres. Un peu plus tard, la beauté se fane, les cheveux portent la trace de toutes les mains qui l’ont caressée, la robe, de toutes les mains qui l’ont retroussée pour prendre des plaisirs hâtifs, mais largement payés. Au fil des scènes, M O Braham devient  froide comme le    marbre. Les chairs se décolorent, se désincarnent. Elle pressent l’exil en Amérique, et la mort, tragique, dans le bayou.

Elle montre à Marguerite sa future déchéance, sa mort précoce. Un sommet d’intensité et d’émotion pour ces deux artistes.  

 

Le Des Grieux de Fabien Revillon, attachant, candide et bondissant, tout en rond de jambe, montrait aux côtés de Manon, une âme entière, honnête. Au fil des actes, Révillon s'insère sans peine dans la  narration commune et donne de la consistance à un personnage épisodique. Il était encore bien vert en Lenski il y a deux ans. Son Des Grieux, offre une technique plus sûre au fil des actes. Il est parfait en amoureux qui accompagne jusqu’au bout celle qu’il aime.

 

À la fin de l’acte 1, le pas de deux aux portées vertigineux annonce ce que sera l' amour  enfin éclos entre Marguerite et Armand : une passion dévorante, même si pour l’instant, Marguerite se refuse à l’accepter.

Les deux artistes, en parfaite osmose, ont offert un moment de danse hors du temps…

Et pourtant, ces pas de deux... comment peut-on exécuter de telles acrobaties sans que cela tourne au cirque ?  Comment donner autant de sens et d’émotion quand le risque de chute est si grand ?  Aucune erreur, aucun faux pas… la narration encore et toujours qui se déroule sous nos yeux : notre souffle se suspend, on atteint « rasa »….

 

L’acte 1 s’achève sur le départ à la campagne

 

On peut alors admirer la jolie Nolwen Daniel, à la danse toujours belle, onctueuse, qui sait  montrer plus d’une facette de son personnage – Prudence, une amie de Marguerite.

À ses côtés, Duquenne badine et amuse. Quelle jeunesse pour ce danseur qui part à la retraite lui aussi cette année !

Neumeier glisse ces divertissements légers pour qu’ils servent d’écrin au drame qui couve.

 

 On retient surtout de l’acte 2  le « dialogue » entre Marguerite et le père d’Armand, venu plaider la cause de son fils, personnage mimé plus que dansé incarné par André Klemm : c’était d’une beauté à couper le souffle !

D’abord, il y a ce monsieur qui se demande ce qu’il fait chez cette femme de petite vertu, se lève pour partir, change d'avis, mais revient, car finalement, il est là pour son fils. En face de lui, cette courtisane sensible et intelligente, qui devine d’instinct le malaise de son visiteur, et lui dit « dites moi le but de votre visite, je vous en prie ».

Tout au long du pas de deux, le mépris du père devient tendresse puis compassion pour la jeune femme, la révolte de Marguerite s'apaise, elle comprend, elle accepte le sacrifice. Les deux personnages se sépare dans un profond respect mutuel. Kleim et Ciaravola ont fait de ce " duo" un moment d'intensité absolue...

Il fallait voir ces deux artistes donner vie et sens à chacun de leur geste… là encore, O temps, suspends ton vol….

 

Marguerite quitte Armand. Le solo de Karl  Paquette m’a rappelé celui, superbe, de  Kourbsky dans Ivan le Terrible vu il y a dix ans et toujours pas oublié.

Armand découvre que Marguerite est retournée vers ses anciens plaisirs, il est en proie à des sentiments contradictoires. Là où certains danseurs ne sont que désespoir, Paquette a montré la rage, la colère, le désir, le refus, le déni, la révolte, l’incapacité à accepter la vérité, l’amour qui le  brûle  à le rendre fou. Chacun de ses gestes exprimait une nuance différente et absolue dans ce solo magistral, porté par l'un des plus tragiques préludes de Chopin.

 

À l’acte 3, Armand croise un jour Marguerite sur les Champs Elysées. Pour se venger, il badine avec Olympia qu'il entraîne dans sa chambre. Le plaisir pris à la va-vite avec cette courtisane lui laisse un sentiment de dégout. L’Olympia de Eve Grinsztajn est parfaite : cette fille ne s’embarrasse pas de principe, ni d’état d’âme. Elle travaille pour l’argent. Un point c’est tout ! et elle met du coeur à l'ouvrage, mais si tout est faux.

Et puis, c’est les retrouvailles avec Marguerite  après l'humiliation au bal… Le pas de deux sur la ballade en sol mineur, virtuose, d’une rapidité à couper le souffle, est un véritable moment d'explosion. Tout ce qui a été tu éclate à ce moment-là. Le désir flamboie, il brûle tout le reste, il unit les amants dans une étreinte passionnée. Le pianiste épousait parfaitement la respiration des danseurs, musique et pas étaient en osmose… Ciaravola était impressionnante de force, d'énergie, de précision et d'abandon, Paquette de lyrisme. Les portées semblaient si faciles, coulant de source.

 

Mais Manon hante Marguerite ; elle quitte Armand une fois de plus, écoutant sa raison et non son cœur.

 

À la fin de l’histoire, la courtisane est seule, malade, pauvre ; elle tient son journal. Elle enfile avec le peu de force qui lui restent une robe de soirée rouge, pour se rendre au théâtre.  Comme au début du ballet, on y donne Manon Lescaut.

Armand ne la rejoindra pas cette fois-ci. Elle mourra sans le revoir.  Isabelle est à ce moment tellement fragile ! Elle meurt un peu comme la Mélisande de Debussy, sans faire de bruit, léguant à Armand son journal…

 

Citer tous les artistes et tous les moments du ballet rendrait la lecture de ce billet déjà bien long, fastidieuse

Ce qui est sûr, c’est que cette soirée mémorable restera gravée dans mon cœur, parce que portée très haut par une troupe en osmose et des solistes de grand cœur et de grand talent

 

 

Le mot de la fin :

 

Je vais moins à l’opéra, car je suis lassée des spectacles qu’on consomme et qui laissent sur sa faim. Mais avec cette soirée, je retrouve ce que j’aime dans la danse indienne. La dévotion. Bhakti

 

Un danseur d’odissi ne danse pas ; il prie.

 

D’une manière ou d’une autre, c’est ce qui s’est passé ce soir-là ; ce n’était pas de la danse, mais de la dévotion que les spectateurs ont pu sentir. « Rasa » est la saveur spirituelle qui doit emmener l’âme du spectateur vers « Dieu ». Paquette, Ciaravola et Ould Braham nous ont offert cela et le reste de la troupe a suivi.

 

Et il s’est passé ceci d’extraordinaire, c’est qu’après la représentation, beaucoup de spectateurs m’ont dit avoir passé une nuit « blanche ».

Eux aussi ont été touchés…

 

Quand l’art rejoint le spirituel… Merci à tous les artistes !

 

 

 


 

 

Ici, un petit compte rendu du même ballet avec Moussin- Paquette  e 1er mars 2010.... et un tout autre ballet!

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 11:08

 

Kaguelk.jpegIl  y a deux ans, lorsque j'ai été voir les extraits vidéos de Kaguyahimé sur YouTube - l’œuvre a fait l’objet d’une captation avec les danseurs du NDT qu’on trouve en Blu-Ray- je n'ai pas été séduite et n’ai donc pas pris de place. Mais certains balletomanes en qui j’ai confiance m’ayant assurée que c'était une belle histoire, ma curiosité a été éveillée! Une fois encore, la vidéo est une vraie traîtresse, qui nous prive des émotions qu’on ne peut ressentir qu’en live. Toute la puissance de cette pièce et son intensité sont palpables si on est dans la salle! En outre, scénographie et lumières ont été modifiées pour cette nouvelle production pour l’ONP. Donnée il y a deux ans à Bastille, en plein été, elle a été reprise cette année à Garnier.

Il faut déjà dire à quel  point la musique est envoûtante ; pour ceux qui n'ont pas eu l'occasion d'aller "Ecouter-voir" cette œuvre, voici quelques points de repère extraits du programme acheté pour répondre au mille questions que je me posais en quittant la représentation :

Qu'est ce que Kylian connaît des tambours japonais?
Pourquoi la présence d'un ensemble gagaku?
Pourquoi le chef est-il un occidental ?

Comment se repère t'il par rapport au temps musical?

Que connait-il des tambours japonais lui aussi?
Qui et pourquoi a écrit la partition?


Des questions plutôt musicales, c'est vrai, mais il faut dire que j'étais placée dans une loge en avant-scène qui surplombait littéralement la fosse d’orchestre. Pas évident pour voir la scène, car on est  de «  travers » mais extraordinaire pour « écouter-voir » les musiciens.  
Voici donc quelques points de repère que j’ai extraits du programme de l’ONP.



Le compositeur Maki Ishi, né en 1936, a baigné dans un contexte artistique avant-gardiste. Quand il écrit la partition en 1985, il a déjà une grande connaissance de la culture occidentale; son père, danseur, est un des pionniers de la danse moderne au Japon. Dès 1910, il découvre les théories de Jacques-Dalcroze sur l’eurythmie (courant théosophique auquel est relié Rudolf Steiner) ;  cela lui inspire une forme chorégraphique nouvelle, le poème dansé (buyôshi) ; plus tard, il travaillera et rencontrera  en Occident  M.Wigman et Isadora Duncan.

C’est dans cette ambiance si particulière que son fils  s’oriente très jeune vers la musique ;  il fait ses classes de composition et de direction d’orchestre au Japon puis  part à Berlin s'imprégner sur place du " post sérialisme ». Là, à l’écoute des œuvres dodécaphoniques ou sérielles, il a des réminiscences des ensemble  Gagaku, orchestres  classiques qui jouent de la musique hautement raffinée pour la cour où  son père  avait ses entrées. Et c’est la musique sérielle qui lui ramène ses souvenirs, effet   « madeleine de Proust » plutôt surprenant. Il est fascinant de voir comme père et fils ont été à la fois envoûtés par les traditions musicales et chorégraphiques  de leur pays et désireux de s’ouvrir à la modernité et à l’Occident !

S'ensuivent  ensuite ces "concours de circonstances" extraordinaires :  Maki Ishii rencontrera Michael de Roo, le chef d'orchestre qui créera l'œuvre à Berlin lors d’un festival de pecrussions. Ce chef d’orchestre possède lui aussi une étonnante curiosité et ouverture d’esprit ; il adore Monochrome de Ishii qu’il a entendu dix ans plus tôt. Il accepte de grand cœur  de créer  son  ballet féérique Kaguyahime,  qui n'a pas trouvé, pour l'heure, de chorégraphe.  Pour s’imprégner de l’essence   des ensembles Kodo,  percussions japonaises, Michael de Roo travaille d’abord avec Fujimoto  qui lui  apprend la base  de ces tambours et la philosophie de vie qui en résulte. Il faut savoir que l’entraînement d’un joueur de tambour est à la fois sportif, musical et spirituel.

Kaguyahimé est finalement  créé en 1988 lors du Holland festival de 1988 avec M de Roo à la direction des différents orchestres réunis, y compris un petit ensemble de vents de tradition Gagaku. Quel parcours pour les uns et les autres ! Quels métissages, quelle ouverture d’esprit, quel sens du partage et de l’expérimentation, quelle générosité aussi dans les échanges ! Une vraie leçon de vie…

 

 Comme M de Roo travaille de temps à autre avec le Nederlands dance theater,  il  fait écouter le ballet à Kylian qui s'enthousiasme… et voilà ; Kaguyahimé a trouvé son chorégraphe !
Sur cette   partition  absolument formidable, jouant sur tension et détente en permanence, mêlant toutes sortes de sonorités, de textures, alliant le traditionnel, le folklore, à des écritures musicales plus occidentales et contemporaines,  Kylian va créer une œuvre originale, inventive, bourrée d’énergie et pourtant  simple, claire, et finalement très puissante. Le plus impressionnant est  de voir les percussionnistes sculpter l'énergie! Tantôt fluide, évanescente, spirituelle comme une fumée d'encens, qui vous enveloppe délicatement,  tantôt si lourde, si palpable qu'elle pénètre littéralement en vous et vous transforme à votre tour en percussion; on se met à vibrer comme la peau d'un tambour! Sur ces volutes de sons, les danseurs exécutent des solos, des duos, des scènes de groupes virtuoses, spectaculaires, où la joie  de s’abandonner à la musique est communicative pour le spectateur ; celui-ci entre pour ainsi dire en contact direct avec les émotions des danseurs, ce qu’ils ressentent.

 

L’histoire est simple ; c’est un conte très populaire au Japon que tous les enfants connaissent. La Lune qui se retrouve pour quelques temps sur Terre va amener malgré elle luttes et désirs. Au début, si elle reste tout à fait indifférente aux sentiments humains, elle sera, avant de retourner vers son royaume dont elle a été temporairement exclue, touchée par les émotions des êtres qu’elle a cotoyés.

 

L’un des grands moments de Kaguyahimé est lorsque le chef d’orchestre donne le départ aux musiciens qui s’élancent sur la scène rejoindre des percussions qui les y attendent et se mêlent ainsi aux danseurs dans une exaltation magistrale, comme si l’énergie tourbillonnait dans tous les sens. Il paraît qu'a Bastille où l'oeuvre a été donnée il y a deux ans, c'était encore plus impressionnant.
Kaguyahimé est aussi une œuvre du contraste. Au mouvement s’oppose l’immobilité, comme celles des trois musiciens Gagaku on encore celle de  la  Lune inaccessible, lointaine et froide... Le 16 février,  Agnès Letestu  incarnait avec maîtrise cette Lune impavide. Ses mouvements de bras ondulaient paisiblement, tels les  rayons de la lune lorsqu'ils frôlent et glissent sur  la Terre.

Le " pas de deux" avec le Mikado, pourtant minimaliste, marque profondément le spectateur : rencontre impossible de la matérialité incarnée par le Mikado (Vincent Chailley) et son immense voile d’or qui ne retiendra pas plus la Lune  qu’un filet de pêche de l’eau et de l'inaccessible!

 

Il faudrait rendre hommage à l'ensemble des danseurs qui brillent tous dans des solos acrobatiques! (Madin, Meyzindi, Stokes, Couvez, Demol, Alu Renaud, Bertaud, Gasse, Thomas) et des filles ( Colosante, Bellet, Westermann, Granier, Ranson, Baulac, Galloni, Vareilhes, Vauthier, Bance) tellement synchrones malgré la rapidité d'exécution de certains passages, qu'on les aurait dits animés d'un seul  et même souffle! On sent le plaisir qu'ils ont à se fondre à la musique!

Lorsque  le grand tambour apparaît sur la scène, il y a une sorte d'exaltation générale que je n'avais encore jamais vue sur scène!  


A cela s'ajoute une scénographie d'une intense poésie, avec ces jeux de  lumières, particulièrement oniriques sur les grands chevaux en fond de scène qui incarnent les émotions non maîtrisées, la violence, la sauvagerie aussi! C'est d'une simplicité et d'une beauté à couper le souffle! (Michael Simon scénographie et lumières).

  

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3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 10:33

Les photos viendront plus tard!

 

 

 

La danse à tout prix, émission de France 2 du 26 décembre 2012

 

 

 

   Quelle curieuse idée de diffuser si tard ce reportage  grand public  si plaisant, si fascinant, qui pendant quelques mois a suivi quatre danseurs du corps de ballet de l’Opéra de Paris : François Alu, Pierre Arthur Raveau, Héloïse Bourdon et Léonore Baulac.  L’idée étant de filmer le quotidien de ces jeunes jusqu’au fameux concours de promotion qui a lieu chaque année, et qui, seul, permet à un danseur de changer de grade.

Il y a quatre états dans le corps de ballet :

Quadrille (Léonore Baulac)  coryphée (François Alu) sujet ( Héloïse Bourdon – P. A. Raveau)  Premier danseur. Les premiers danseurs ne passent pas de concours pour devenir étoile. On devient étoile sur proposition du directeur de la danse, et avec accord du directeur de l’opéra de Paris.

Pour ce concours, le danseur doit interpréter une variation imposée commune à tout son grade, et une libre. Souvent l’imposée montre ou non sa maîtrise technique un jour de concours, tandis que  la libre  révèle plutôt son potentiel artistique. Pour travailler celle-ci, le danseur sollicite parfois un danseur de la compagnie qui l’a déjà dansée en spectacle, donc  une étoile ou un premier danseur. Qu’on ne s’y trompe pas : le temps de travail est toujours très rapide à l’opéra. Les danseurs n’ont droit – au mieux – qu’à quelques heures de travail réparties en une ou deux séances de travail.  


  P.A. Raveau travaille seul en studio sa variation de l’Oiseau de feu de M. Béjart avec l'aide d’une vidéo. Les danseurs sont tellement habitués à  apprendre et à mémoriser les pas que n’est pas là pour eux l’essentiel de leur travail. Il s’agit avant tout de s’approprier le style de la variation pour pouvoir l’interpréter au plus juste, exactement comme dans ces concours de musique où la grande difficulté reste l’interprétation et non pas le «  texte ».

A noter qu’il y a trois oiseaux parmi les candidats : un cygne blanc (Bourdon), un cygne noir (Baulac) et un Oiseau de feu. Le présentateur explique simplement ce que représente chaque variation. Le ton est simple, il s’agit d’intéresser le « grand public » à des danseurs d’un autre   "temps » : ceux de l’opéra de Paris. Et si le ton est agaçant, le reportage lui, est très vivant et bien fait.

 

 Certains danseurs restent toute leur vie dans le plus petit grade, «  quadrille »  que les danseurs intégrent à leur sortie de l’école de danse, s’ils réussissent le concours d’entrée, ce qui est loin d’être «  automatique ». Agés de 16 à 20 ans, très jeunes,  la plupart continuent à vivre s’ils le peuvent dans leur famille.  Rester toute sa vie quadrille signifie faire uniquement du  corps de ballet, ce qui doit être très difficile moralement, surtout qu’année après année, des jeunes de danseurs de 16 ans intègrent le grade qu'ils quittent au bout d’une année ou deux, ou trois, suivant.

Quand un danseur devient sujet – et parfois aussi avant -  il accède à des rôles de demi-soliste ou de soliste.

Inutile de rappeler ici que Noureev qui n’a jamais connu cette hiérarchie à Vaganova où, arrivé à 17 ans, il s’est propulsé directement dans la dernière classe avant de devenir très vite soliste, ne l'a jamais respectée  à l’époque où il dirigeait la compagnie.

 

Nous suivons donc tout au long de l’émission qui désire maintenir le suspens jusqu’à la fin sur le résultat du concours, ces jeunes gens fort sympathiques que j’ai découverts avec beaucoup de plaisir.

Je découvre avec stupéfaction qu’il est tout aussi difficile de trouver un studio libre pour répéter que pour n’importe quel danseur lambda ; même à l’opéra. Ainsi, y a-t-il des séances de travail ultra-matinales (Baulac avoue s’être levée à 6heures pendant toute cette période pour travailler) ou bien jusqu’à l’heure des spectacles ; car pendant ce temps, la compagnie continue de se produire sur scène.

En réalité, le travail de captation a commencé à la fin de la saison précédente (une saison à l’opéra se finit mi-juillet pour reprendre courant septembre, vers le 20) et l’on peut voir ainsi P.A. Raveau travailler la fille mal Gardée, où il danse un rôle de soliste : Colas. (Avec M. Froustey pour partenaire). Le montage a décidé de garder le travail de P.A sur le « manège » qu’il exécute au cours d’une variation. Un manège - morceau de bravoure d'une varation - est une série de pas qui alterne différents grands sauts entrecoupés parfois de pirouettes de liaison, en formant une ronde de très grande amplitude.  P. A. cherche  dans l’espace l’endroit précis où il doit finir ces sauts en boucle. Par deux fois, il tombe. Et oui,  sur scène on les voit s’élancer, ça semble évident…. Et pourtant.

Très sympathique, Pierre Arthur Raveau  joue aussi du violon et du piano, plus que très bien ! Il exécute brillamment le finale  d'une sonate de Beethoven. Où trouve-t-il le temps? Vraiment doué pour la musique aussi! 

Le jour J, on ne le verra pas comme les autres d’ailleurs exécuter sa variation et je le regrette. Entre temps, on l’aura suivi chez lui, compati devant l’affreux petit déjeuner qu’il ingurgite pour avoir de l’énergie pendant six heures, suivi dans les ateliers de costume où il découvre horrifié que le costume de l’oiseau de feu exige un corps «  sans un poil de graisse ».  On apprend – et je m’étais toujours posé la question – que les costumes que revêtent les danseurs le jour du concours, sont ceux faits sur mesure pour les danseurs de la compagnie qu’on leur prête. Le danseur en essaie donc plusieurs –   celui de Mathieu Ganio puis de Karl Paquette - On ne verra pas avec qui il travaille la variation et je ne suis même sûre qu’il y ait eu quelqu’un.   «  Il faut que je demande à un danseur pour la position des bras, car j’ai trouvé deux vidéos avec des positions de bras différentes » déclare-t-il. Un peu plus tard " J’ai demandé à un danseur pour les bras, je sais à présent quelle position choisir" dit-il un peu plus tard. A-t-il pu répéter sa variation avec un danseur en particulier? Rien n'est moins sûr!


P.A. Raveau   n’a pas été promu cette année (mais il a été classé second, ce qui veut dire que s’il y avait eu deux postes, il serait devenu premier danseur) mais il a dansé cet hiver, parait il avec grand talent,  Don Quichotte avec M. Froustey.

Une personnalité vraiment attachante et un beau talent artistique à suivre!

   

 

Léonore Baulac, 22 ans, passe le concours pour devenir coryphée pour la 4 fois ou 5 fois il me semble ;  pétillante, bourrée d’énergie et d’enthousiasme, on devine quand même à mi-mots que le découragement n’est pas loin, mais qu’elle se l’interdit purement et simplement en poursuivant coûte que coûte son rêve de devenir «  étoile ».  Sa mère semble être d’un grand soutien moral dans ces moments toujours difficiles et douloureux de concours et de compétition entre danseurs. Elle a choisi une variation libre difficile  afin de prouver qu'elle "a de l'ambition et qu'elle a de l'audace". Aurélie Dupont la guide dans son travail pour qu'elle devienne un Cygne noir machiavélique! C’est toujours extraordinaire de voir ce travail de transmission, de réaliser à quel point un rôle passe d’un corps à un autre uniquement par le geste. De découvrir même quand on connaît par cœur ce répertoire des petits détails supplémentaires, et surtout de voir ce que toutes ces variations classiques donnent sur des corps différents. Léonore est jolie comme tout, avec de longues lignes de bras et de jambes, elle a une spontaneïté naturelle, un piquant, un quelque chose de frais et de juvénile. En parallèle de sa préparation au concours, elle répète la chorégraphie Sous apparence de M.A Gillot qui l’a choisie. Baulac, comme beaucoup d’autres danseurs, travaille beaucoup de danse contemporaine et visiblement aime cela autant que le répertoire classique. En répétition, son cygne noir semble beau, mais  là encore impossible de voir la variation en entier !


Toute autre ambiance de travail avec la sage Héloïse Bourdon qui répète sous l’œil avisé d’Agnès Letestu la variation du Cygne Blanc ; c'est à dire le pôle «  douceur » tandis que Baulac a opté pour le plus «  méchant » : ces deux rôles extraits du Lac des cygnes sont dansés par la même danseuse : Odette, la douce princesse prisonnière du magicien Rotbart devient Odile, la créature diabolique créée par ce même magicien pour abuser le prince.

Ce reportage m’a permis de découvrir des facettes d’Héloïse qui m’avaient vraiment échappé à chaque fois que je l’ai vue en scène. Elle a déjà eu droit à des rôles d’étoile, puisqu’elle a dansé au printemps dernier Nikya, dans la Bayadère. Je l’ai récemment vue dans Don quichotte cette année en Reine des Dryades et au printemps dernier dans la première ombre ; j’ai eu un jugement sévère. J’en ai presque «  honte » en découvrant une danseuse douce, douée, et travailleuse… Ah, public !!! Nous sommes intransigeants !

 

C’est pour cela, comme le disait si bien le jeune reporter du film « Presque célèbre », il ne faut jamais devenir intimes avec les artistes, si l’on veut écrire des comptes rendus impartiaux ! Les connaître peut retirer la précieuse objectivité! 

 

Héloïse  posée, studieuse et réservée a des lignes de bras et de jambes, longues et belles. Souvent, d’ailleurs, certains rôles curieusement, rendent mieux en répétition qu’en    costume :   comme si ce travail brut avait une force, une puissance qui s’atténue ensuite en scène,  une fois  intégré au ballet. Je me suis souvent fait cette remarque en assistant à des « passeports » : m’émerveiller sur un danseur et sur une variation qui «  retombe » transposé à la scène.

 

Ni Léonore, ni Héloïse, ni P.A. ne seront promus cette année. L’émission tient le suspens jusqu’au bout et montre la réaction de ces trois danseurs ; habitués qu’ils sont à ce type de concours depuis l’école de danse – on y a d’ailleurs fait un petit tour grâce à Héloïse où l’on découvre l’exigüité des chambres de trois, que trois petits boxes cloisonnent («  on a intérêt à bien s’entendre »  commentait laconiquement Héloïse) – ils ne montrent pas leur immense déception à la caméra. P. A Raveau  se dit  plutôt content de sa seconde place; L. Baulac continuera son travail acharné puisqu’elle veut atteindre le sommet, et H. Bourdon  s'incline avec élégance "devant  la meilleure danseuse qui a obtenu le poste".

 

Si, comme l’expliquait Bourdon, «  on a intérêt à bien s’entendre   quand on partage les petites chambres de l’école de Nanterre »,  j’ajouterais, comme l’expliquait si bien Tavernier dans son film «  Tout près des étoiles » qu’il est impératif de bien s’entendre «  tout le temps » car au moment des concours, ce sont vos collègues qui peuvent être amenés à vous noter. Et danser ensemble, travailler ensemble demande cette entente permanente, au moins sur le plan de la forme.

 

Je n’ai pas parlé encore François Alu ? Mais oui, bien sûr ! Ce jeune danseur de 19 ans a gravi pour l’instant tous les échelons sans problème. Et il sera le seul des quatre à être promu et à devenir  "sujet ».  Sa mère, professeur de danse,  lui   montre un jour une vidéo de P. Dupond pour lui faire comprendre ce qu’est la danse classique masculine – il a des préjugés -   c'est le coup de foudre. Il essaye d’apprendre les variations….  tout jeune, il se lance, fait les mouvements, puis peu à peu, avec le temps, il  les décortique, à cherche  à les comprendre, à les analyser : bigre, il a déjà une sacré maturité pour son âge !  Ce jeune passionné aime tout autant le hip hop que danse professionnellement l’un de ses cousins.

Au cours du reportage, F. Alu se blesse au pied et doit s’arrêter de danser. Quinze jours avant, il reprend le chemin de l’opéra sans savoir   s’il pourra passer le concours. Lorsqu’il revient travailler, c’est une période à la fois de remise en route du corps, mais aussi de préparation au concours ; il a toujours un ligament qui lui fait mal. Il ne peut même plus trouver de studio de répétition libre, ce qui fait qu’il travaille sa variation libre - Le Solor de la Bayadère - pendant les cours collectifs… où on le voit briller. Il a les pires conditions de préparation qu’on puisse imaginer : le corps n’est pas prêt, il n’a pas d’endroit où répéter seul, ni se faire conseiller.

 

Vu cet hiver dans Don Quichotte, c’est surtout l’intelligence de sa danse qui m’a stupéfaite. Il comprend réellement les pas qu’il danse et du coup, leur donne une nuance personnelle sans trahir le texte ; il a de grandes qualités dans la propreté des pas, dans l’exécution des pirouettes, dans le moelleux de ses sauts. Son élasticité naturelle, un peu comme Leriche, lui permet de varier la vitesse d’exécution, ralentissant un saut, accélérant une pirouette, le tout donnant un naturel à sa danse étonnant !

 

 

Alors oui, l’émission avait un ton irritant, a toujours revenir sur «  qui, des 4, réussira le concours ? »….

Mais malgré tout, j’ai aimé le côté moderne de ces jeunes gens, et c’est ce genre d’émission qui peut   amener tout un public à s’intéresser au ballet de l’opéra. Juste dommage pour l’heure tardive ! J’ai bien sûr enregistré ce reportage qui va rejoindre mes nombreuses archives !!!!

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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 10:54

Don Quichotte Pagliero/Paquette – 26 décembre 2012   

 

Kitri : Ludmilla Pagliero

Basilio : Karl Paquette

Espada : Alexis Renaud

La danseuse de rue : Sarah Kora Dayanova

Don Quichotte : G Charlot

Pança/ Gamache/ Le père : Vigliotti, Monin, Saramite

Les deux amies : Clément et Westermann

La reine des Dryades : Laura Hecquet

Cupidon : Mélanie Hurel

Le gitan : Allister Madin

 

 

 

 

 

ludmilaenapesanteur.jpgSi mon troisième et dernier Don Quichotte ne m’a pas permis d’admirer Zakharova, il m’a néanmoins donné l’occasion de  découvrir Ludmilla Pagliero sous un jour nouveau ! Et ce fut assurément une bonne surprise. L’entrée de Kitri énergique, vive, conquérante n’est plus gâchée par une certaine brutalité visible sur les vidéos mises en ligne. L’interprétation a été travaillée depuis et met en lumières de façon plus subtile la pétillante  Kitri, son tempérament de feu, mais aussi sa drôlerie, sa chaleur. Elle aime son latin de père (l’excellent Saramite) de tout son cœur sans le craindre le moins du monde, même quand il vocifère et jette son bonnet à terre ; elle retrouve avec bonheur ses deux amies (Clément et Westermann) avec qui elle pique de bons fou-rires.  Elle raille gentiment Gamache (Monin) que son père veut lui imposer. En somme, c’est une bonne fille avec beaucoup de caractère. A ses côtés, Karl Paquette en confiance, campe un Basilio  plus drôle et plus présent que lors de la soirée du 12 aux côtés de Gilbert.

 Si l’on suit avec autant d’intérêt les péripéties de Kitri et de Basilio, malgré les défauts techniques de ce dernier dans certains pas, c'est parce que les deux danseurs s’entendent artistiquement à merveille. Chacun trouvant ses marques dans l’autre, ils dansent ensemble en toute confiance pour notre plus grand bonheur : enfin une soirée où,  grâce à cette complicité artistique, on ne redoute pas le faux pas, le ratage. 

Dommage qu’il n’y ait pas eu à leurs côtés Froustey et Giezendanner en amies espiègles et railleuses,  Hecquet en danseuse des rues que rien n’impressionne, ou  le bouillonnant F Lorrieux en Espada. Car malheureusement, les seconds rôles,  bien dansés, manquent de ce petit plus qui fait toute la différence. Où sont passées la folle gaité, le petit brin de folie latine et cette  insouciance contagieuse propre à la jeunesse ? Seule, Westermann danse avec conviction et brio.  Dayanova compte sur son beau sourire et sa séduction certaine pour donner vie à son rôle et Renaud manque de ce feu intérieur qui consumait Lorrieux. Clément disparait littérallement derrière son rôle.

 

Pour en revenir à Kitri, Pagliero a dominé aisément toutes les difficultés techniques des variations.  Energique et précise, son travail de pieds est toujours très propre :  batterie  incisive, nette,    équilibres sûrs;  les sauts, les pirouettes se referment sur de belles cinquième. Le haut de son corps commence à se libérer de même que son visage qui offre des expressions plus vivantes et naturelles que par le passé.

Kitri se jette en toute confiance dans les bras de son Basilio  qui la rattrape sans le moindre faux pas  et la hisse à une main sans effort apparent. Il y a de très belles choses dans ce que proposent ce soir là les deux danseurs.

 

Dans le second acte, le pas de deux au châle est particulièrement réussi, lyrique à souhait, et poétique. Dans les mains de Ludmilla, le châle devient émouvant  tout comme le pas de deux au pied des moulins. C’est l’un des plus jolis moments de ce Don Quichotte, empli d’une certaine émotion.

La belle scène des gitans avec un Madin très en forme ne prend pas l’ampleur qu’elle devrait à cause des éclairages, toujours aussi sombres même vus de l’orchestre, cette fois-ci !

 

La scène des Dryades manque toujours autant de poésie, malgré une Laura Hecquet très bien techniquement, - des sauts secondes légers à souhait avec un atterissage coupé -  et une Pagliero-Dulcinée moins crispée que ne l’ont été avant elle Renavand ou Gilbert. Ludmilla arrête comme elle le souhaite les mouvements, les équilibres ; la variation a été bien comprise (travail du rond de jambe, du bassin décalé et  du fouetté, les attitudes arrière ne sont pas trop cassées, le pied est sûr, et les ballonnés sont légers.) il ne manque que cette respiration du haut du buste qui fait toute la poésie de la scène.  

Les Dryades, elles, sont toujours un peu lourdes et un peu raides  et si scolaires dans l’exécution des pas ! Hurel ne me convainc toujours pas en Cupidon.

 

Le troisième acte passera aussi vite que les deux précédents : Pagliero ne montre pas le moindreDon_Quichotte.jpg signe de fatigue ni dans les redoutables équilibres à l’issu du pas de deux, ni dans sa dernière variation où elle fouette tant et plus sans faux pas ! Elle s’amuse à rajouter tout un tas de petits effets avec son éventail ! A noter que dans les retirés, elle est la seule des trois, lorsqu’elle repose les deux pieds, à ne pas refermer ses cinquièmes ou arranger un peu le pied avant de poser le talon. C’est net.  Paquette est lui en prise avec les pas de Noureev mais malgré cela il restera Basilio jusqu’à la fin du ballet.

 

Giezendanner passe comme une libellule en demoiselle d’honneur : un moment de grâce qui suspend le temps !

 

Pagliero a su camper aux côtés de Karl Paquette une Kitri vivante, chaleureuse et sympathique ! Les voir tous les deux en une si belle harmonie a vraiment été le plus de cette soirée.

Pas au point d’effacer de nos mémoires Motte,  Pontois, Loudière ou Letestu dans le rôle… mais quand même !

C’est drôlement bien !

 

Petite synthèse sur ces trois soirées bientôt !

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21 décembre 2012 5 21 /12 /décembre /2012 18:22

 

 

 renavand alice

Il y avait bien longtemps que j’avais envie de voir Alice Renavand dans un rôle classique. Je l’avais déjà repérée dans le corps de ballet lors d’une Sylphide, en 2005. Elle avait le petit plus qui fait qu’une personnalité émerge naturellement d’un groupe.

Quand à F. Alu j’en avais tant entendu parler que j’avais envie de le voir dans ce type d’œuvre ; il est tout jeune puisqu’il a19 ans !

 

Je dois dire que j’ai passé une soirée savoureuse, en partie grâce à ces deux danseurs : tout était vivant dans ce Don Quichotte du 19 décembre même si techniquement, les rôles titres n’ont pas été « éblouissants » !

 

Dans le premier acte, Renavand a été parfaite ; présence, gaieté, légèreté, enthousiasme.

Elle a beaucoup d’aisance dans les grands sauts, beaucoup d’énergie aussi, mais elle reste féminine, gracieuse. Sa première variation et la variation aux castagnettes étaient très enlevées

 et Kitri était belle et bien là. (Bien plus que D. Gilbert qui ne sautait même pas le 12 !)

 

Son Basilio n’était pas en reste non. Avec F Alu, elle forme un couple vivant, qui déborde d’énergie. Cela doit être contagieux, car tout à coup, tout prend vie sur le plateau.

 En outre, les deux amies étaient les fantastiques Froustey et Giezendanner qui s’accordent à merveille tout en conservant chacune sa personnalité. Féminines, gracieuses, ses danseuses ont une danse fluide, ample, généreuse ; elles dansent « large ».Une belle harmonie et beaucoup de joie de vivre se dégageaient des pas de trois ou quatre ou cinq dont est émaillé ce Don Quichotte.

 

Quand je repense à cette soirée, deux mots me viennent : jeunesse et fraîcheur.    Pendant  le premier acte, on ne pouvait qu’avoir le sourire aux lèvres.

L’Espada de F. Lorieux, à la danse bien plus incisive que celle du lyrique Duquenne  formait un couple bien assorti avec la majestueuse Laura Hecquet, magnifique en danseuse des rues, dont j’avais beaucoup aimé l’interprétation le 12 décembre. Bref, ce premier acte était très réussi.

 

Au deuxième acte, tout cela retombe un peu en partie ; la scène avec les Gitans, aux éclairages trop sombres qui tassent tout le monde, est de ce fait, irrémédiablement gâtée pour moi; du haut du second balcon, toutes les silhouettes sont écrasées, tassées, par ces ombres monstrueuses, il est alors impossible alors de véritablement goûter la danse qui se déploie sur scène car tout est happé – danseurs, couleurs, pas, costumes – pas ces ombres noires qui engloutissent le plateau.

Un  bravo cependant pour le beau et fier Gitan de Mathieu Botto moins virtuose semble-t-il que Madin mais très charismatique. Je dis semble t-il toujours à cause de la raison évoquée plus haut.

 

Dans la scène des Dryades, Renavand, crispée dans la redoutable variation de Dulcinée, perd de son charme ; le haut de son buste se raidit ainsi que ses bras, elle semble montrer ses limites.

Je n’ai pas particulièrement aimé la Reine des Dryades d’Albisson, mais malgré tout, il y avait une certaine poésie ; le Cupidon de Marine Ganio, espiègle et charmeur, m’a envoûtée !

Voilà une danseuse spirituelle, bondissante, légère qui donne à son Cupidon toute son éblouissante technique «  l’air de rien ». Les pas sont ciselés, propres, précis, vifs et donnent à ce personnage de la fantaisie et de l’esprit !

 

Vient ensuite le redoutable troisième acte qui cueille des danseurs fatigués pour les pousser dans leurs limites techniques.

 

 

On retrouve dans la taverne toute la jeunesse réunie : les amies, Espada, Kitri, la danseuse de Rue, Basilio nous enthousiasment comme au premier acte.  Puis vient le mariage.

 

L’orchestre qui ne brillait déjà pas par sa subtilité a vu tout à coup son tuba devenir fou et planter des grosses basses beuglantes hors tempo ! Erreur du chef ? Distraction du musicien ? C’était honteux ! Toute la présentation du couple en a été perturbée !

Les variations très techniques qui exigent une énergie hors du commun ont été exécutées avec   ardeur et intensité à défaut de l’être avec virtuosité.

J’avoue que je n’aurais pas eu un regard aussi complaisant si les deux danseurs avaient été Etoiles. Mais Alu est juste coryphée et Renavand première danseuse. On ne place donc pas dans sa tête la barre aussi « haut » sur le plan technique que pour des étoiles.

Donc un troisième acte techniquement «  honnête » mais là encore, un engagement, des prises de risque de la part de ces deux danseurs qui font fermer les yeux sur les équilibres un peu vacillants ou le manque  d’ampleur de la danse. Au détour d’une pirouette qui s’achève avec un développé attitude, tout à coup, on retrouve chez F. Alu un peu de ce style si particulier à Noureev !  D’ailleurs ce qui m’a le plus séduit chez ce danseur, c’est son intelligence car sa technique encore un peu verte est largement compensée par une vraie compréhension des pas et une façon de les exécuter très claire.

 

Au final, j’ai quitté la salle heureuse parce que j’avais vu sur scène une troupe unie et visiblement heureuse de danser, ce qui n’était pas du tout le cas le 12 décembre. On ferme les yeux sur les petits «  ratés » parce que l’essentiel a été atteint: partager avec le public le plaisir de la danse, en portant une œuvre avec enthousiasme, ardeur, conviction et talents.

 

 

 

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21 décembre 2012 5 21 /12 /décembre /2012 08:53

Svetlana_Zakharova_solo_kitry3.JPGLa danseuse annule sa venue à Paris pour cause de maladie...

J'avais pris des places pour la voir dans Kitri

Elle m'avait beaucoup touchée et émerveillée en Nikya ce printemps et j'avais juste envie de la revoir sur scène!

 

Je me réjouissais de voir une autre interprétation que celles déjà vues ( Renavand/ Gilbert) dans ce rôle de Kitri où j'ai vu dans le passé Motte, Pontois, Loudière, Pietragalal, Letestu. Cette dernière aux côtés de Leriche s'y est révélée époustouflante. Celle qui m'avait le moins séduit était Pietra : elle dansait trop en force.


 

Je crains que cela ne soit la même chose avec Pagliero ce 26 décembre puisque c'est elle qui remplacera Zakharova aux côtés de Paquette... le peu que j'ai vu de sa prestation via les videos me laissent augurer qu'il y a du combat dans l'air plus que de la danse.... à suivre!

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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 12:34

C'est Noureev qu'on assassine! 

C’est Noureev qu’on assassine !

 

Le 12 décembre j’ai assisté à l’une de mes pires soirées à l’ONP de ces dix dernières années !

Etait donné Don Quichotte  dans une mise en scène de Noureev d’après Petipa.

Deux minutes avant le lever du rideau, toutes les distributions – à part les rôles titres – ont été bouleversées

J’ai donc assisté à celle-ci

 

Gilbert – Kitri

Paquette – Basilio

Bourdon – la Reine des dryades

Cupidon - Hurel

Duquenne – Espada

La danseuse de rue – Hecquet

La demoiselle d’honneur – Giezendanner

Un Gitan – Madin

Gamache – Eric Monin

Don Quichotte – Charlot

Les deux amies – Boulène/Dayanova

Sancho Pança- Hugo Vigliotti

 

Je dois dire que Melle Hecquet et Giezendanner ont à elles seules sauver cette sinistre soirée. Un grand merci aussi à Eric Monin, tout aussi convaincant dans son rôle de Gamache – le prétendant ridicule – que dans le rôle du sournois Mr de GM ( Manon de ce printemps)

S. Charlot campe aussi un Don Quichotte bien sympathique

A noter que ces rôles sont du mime pur, et que c’est très difficile de faire ainsi exister des personnages au milieu de tous ces pas classiques ou hispanisant. Hugo Vigliotti apporte de la joie.

Ces trois artistes ont réussi à me faire rire et à m'arracher à l'ennui et la torpeur qu'a généré cette affreuse soirée.

 

Pour le reste, nous avons eu droit à un Paquette brouillon, fatigué, sans ballon, avec des pieds imprécis, qui semblait au bout du rouleau. Il faut dire que le malheureux danse un soir sur deux ou sur trois.... il dansera en tout le rôle 12 fois; voilà où en est l'opéra de Paris!!!! ( cf pénurie de Basilio à l'ONP)

Une Gilbert en méforme aux deux premiers actes, et surtout qui  pas un seul moment n’a interprété Kitri ; elle a DANSE Kitri, mais le personnage n’est jamais apparu

Alors oui, on a eu droit à un beau manège de fouettés et double pirouette à la fin, mais j'aurais préféré en voir moins et voir Kitri à un moment ou à un autre!

 

Les deux amies, je préfère n’émettre aucun commentaire là aussi ; les pas sont faits, et c’est à peu près tout, mais des droïdes feraient sans doute aussi bien

 

J’aime beaucoup Duquenne, mais qu’on arrête de le distribuer dans ce genre de rôle ; il n’a pas l’éclat nécessaire ; les rôles lyriques et doux lui vont bien mieux ! Il est cencé être un torréador, mais on voit bien qu'il ne ferait pas de mal à une mouche, alors tuer un taureau! Il a l'air si doux, si paisible!

 

Bourdon, jeune danseuse dont tout le monde dit le plus grand bien incarne une reine des Dryades hideuse, sans poésie et sans finesse ! La réception de ses sauts est d'une lourdeur achevée, et les pieds moulinent autant qu'ils le peuvent pour se mettre au diapason du moulin qui sert de décor juste dans le tableau d'avant, des fois qu'on oublie qu'on regarde Don Quichotte

 

Hurel danse   joli, mais son Cupidon n’a pas la préciosité d’un sèvre ni la vivacité d’un pinson, comme le veut le rôle

 

Quand au corps de ballet : mention spéciale pour le cafouillage des lignes des Matadors ( un vrai serpent, la ligne qui aurait dû être droite) et aux dryades, incapables de conserver leur espace de danse !

 

Ce 12 décembre, l’ONP me semblait être tombé bien bas

 

J’ai trouvé cette compagnie déprimée, fatiguée ; elle danse mais elle n’y croit pas ; il n’y a pas d’ardeur, pas de feux sacrés, pas de lumière ; des fonctionnaires qui font leur métier, voilà l’impression que j’ai eue

 

Alors oui, merci à Laura Hecquet pour sa danseuse de rue à la fois impériale et populaire ; c’était tout à fait cela ; cette danseuse a incarné à la perfection ce rôle, avec juste ce qu’il faut de sensualité, mais l’autorité de ces filles qui ont l’habitude de se frotter à tout public !  A chaque fois que je l'ai regardée, j'ai ressenti ce petit pincement qui vous prend quand un artiste vous emmène là où il veut!

 

Et à Charline Giezendanner, toujours heureuse et lumineuse sur scène, et tellement musicale par rapport aux droïdes que j’ai vu ce soir là !

Ce fut la seule danseuse - mis à part Laura - à écouter la musique et à nous la faire vivre.

 

Je le souligne aussi dans le forum : les éclairages sont aussi moches que certains des costumes !

 

Toute la scène dans le camp gitan est si mal éclairée que je n’ai quasiment rien vu de Madin  (il était «  tassé » par les ombres)  et que ce tableau que j’apprécie d’habitude beaucoup m’a ennuyée au plus haut point

 

Les dryades ne sont pas plus mises en valeur, avec des ombres qui déforment leur buste et les font passer vue du second balcon pour des pots à tabac ! Un comble pour des fées des bois !

 

 

Quand à Kevin Rhodes, il n'a pas réussi à communiquer son enthousiasme de chef à un orchestre poussif et lourd!

 

ah oui, tiens  : le meilleur passage de la soirée!

ha ha : les couacs des cuivres faisant écho à la désorganisation des lignes des matadors!!!  vous imaginez? et bien cela résume bien la soirée! Haha!

 

 

à lire :  sur le forum danse pluriel mon compte rendu

 

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6 octobre 2012 6 06 /10 /octobre /2012 09:02

C'est un comble, n'est ce pas, qu'une maison comme l'opéra de Paris ne puisse pas nous offrir sur la LONGUE série de Don quichotte qui commencera dans un mois et demi un Basilio digne de ce nom!

 

Ce n'est pas la première fois que ce problème surgit, puisque en 2003 déjà, la maison avait du faire appel en renfort à Roberto Bolle et Carlos Acosta.

 

Mais que se passe-t-il donc?

 

Le comble de l'ironie est que nombre de nos étoiles masculines ont été nommées sur ce rôle qu'elles ne dansent plus aujourd'hui pour différentes raisons

 

C'est que Basilio est un pur défi de technique et de virtuosité!

 

Leriche est désormais trop âgé pour le rôle, Heymann, Moreau, Hoffalt, blessés ou pour le moins trop fragiles pour l'instant, Ganio ne le dansera pas, bien qu'il ait été nommé sur ce rôle, Bélingard se la joue " flemme", car il ne danse quasiment plus de rôle classique, sa dernière apparition avait été pour Drosselmeyer, très " approximatif techniquement" mais superbement campé cependant! Et pourtant, il aurait campé un Basilio haut en couleurs!

 

Il nous reste ce pilier qu'est Karl Paquette, étoile attachante s'il en est, mais qui n'a pas le brio nécessaire pour le rôle et le sensible Stéphane Bullion  : même commentaire. Son Solor de ce printemps m'a laissée sur ma faim pendant les variations " techniques" comme celle de l'acte 2. Cela manquait de nerf, d'élévation, de confiance, de bravoure, de défi!

 

Ni l'un ni l'autre ne pourront  égaler sur le plan de la virtuosité un Leriche d'antan, ou un Legris, un  Martinez....

 

Je trouve tout de même fort étonnant que l'opéra ne fasse pas appel sur cette longue série à des " guests" comme cela avait été le cas en 2003

Zakharova est invitée pour Kitri - j'irai la voir!- mais pour Basilio, il faudra se contenter des deux étoiles citées,  plus 

Thibaut - qui n'a plus non plus le brio d'autrefois, si je m'en réfère à son Idole dorée vieillidante de la Bayadère ce printemps dernier

 

D'ailleurs quel Basilio vont-il donner à Zakharova? Bullion parce qu'il a déjà dansé avec elle et que l'entente artistique est belle? Affaire à suivre!...

 

Magnenet? Un peu vert encore, et un peu fade pour incarner le sémillant Basilio!!!

 

J'imagine la tête de Noureev s'il venait remonter son Don Quichotte aujourd'hui!!!

 

Car Don Quichotte est un ballet très gai, très vivant!

Noureev savait l'être lui aussi, il aimait rire.

D'abord, il vomirait d'indignation en voyant les hideux costumes refaits façon " cheap"!

Et puis il hurlerait  de colère  face aux décors refaits eux aussi et pas du meilleur goût, croyez moi!

 

Bref....

 

Je vais une fois de plus formuler le voeu de voir apparaître en 2014 un directeur de la danse digne de ce nom, qui saura redonner l'enthousiasme nécessaire et la flamboyance à cette si belle compagnie qu'est l'opéra de Paris!

 

Un petit souvenir de la création de Don Quichotte à l'Opéra de Paris en 1981

J'y étais! Et j'avais vu Pontois au côté de Fernando Bujones, décédé depuis...

 

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Noureev en répétition avec Pontois

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27 juin 2012 3 27 /06 /juin /2012 07:48

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La nouvelle est tombée il y a quelques jours, pour le plus grand plaisir des «  fans » de Myriam, très nombreux, le 18 juin 2012, à la suite de la représentation de  la Fille Mal Gardée.

Après la nomination de Pagliero en avril, celle-ci me réjouit-elle davantage ?

 

Je n’en sais rien !

Actuellement, il n’y a personne chez les filles ou les garçons qui m’enthousiasme au point que j’attende leur nomination d’étoile.

 

J’aime de nombreuses danseuses — Abbagnato, Grinstajn, Hurel, Froustey –, mais aucune ne me fait ressentir ce petit pincement au cœur, que j’ai pu ressentir autrefois quand Karine Averty par exemple était première danseuse et qu’année après année, j’attendais qu’on la nomme étoile. Ah, Karine…. Je reverrai à l’infini sa Diane chasseresse dans Sylvia de Neumeier, l’un des derniers rôles où elle brilla….

 

 

Je n’ai jamais vu Myriam dans un rôle-titre, hormis en vidéo ; sa Marie – Casse noisette – est ravissante, elle a une technique parfaite….Mais il lui manque un petit grain de folie… belingard-Ould-Braham-copie-1.JPGMyriam est si sage dans sa façon de danser ! Si appliquée !

Certes, le seul souvenir que je garde d’elle où je l’avais adorée est suite en blanc de Serge Lifar

J’avais aimé la pureté de ses lignes, le moelleux de ses bras, et ce côté lisse, parfait, sous étroite surveillance ! Je l’ai aussi beaucoup aimée dans Genus de Evan Mcgregor,  pour les mêmes raisons de pureté de ligne, de perfection…

 

Ce que j’espère vraiment grâce à cette nomination, c’est qu’elle puisse, maintenant qu’elle n’a «  plus rien à prouver » - c’est cependant tout théorique, car être étoile est une charge lourde pour certains danseurs – faire apparaître tout son potentiel artistique sans redouter le faux pas !

Ahhhhh ! Si mon cher Noureev était là, il la bousculerait pour qu’elle mette à jour, quitte à souffrir un peu,  l’artiste qui pour l’instant semble vivre emprisonné en elle !

Il lui dirait « tombe, rate, mais vis ! »

 

Je pense que tous ceux qui ont adoré Platel doivent adorer Myriam, il y a entre elles deux une filiation spirituelle : elles sont travailleuses, leurs lignes sont pures, elles ne sont pas faites pour des répertoires contemporains, elles excellent vraiment techniquement en tant que ballerine.

 

Je souhaite de tout cœur à Myriam que je verrai le 11 juillet dans la Fille Mal gardée de très heureuses et riches années d’étoilat ! Je suis ravie à l'idée de la découvrir dans un rôle titre qui lui ira sans doute à merveille, car elle est pleine de fraîcheur, de jeunesse... et je pourrai ainsi poser un nouveau regard sur elle.

 

Mais, déjà une Ombre……

La prochaine saison artistique   n’offrira pas grand-chose à Myriam pour la  « nourrir »  (encore une expression de mon cher Noureev)   et je le regrette sincèrement…..  une Princesse Aurore, une Odette-Odile, une Tatiana l’aurait sûrement aidée à grandir en tant qu’étoile.    

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